Chaque jour en France, 220 femmes en moyenne sont victimes de viol ou de tentative de viol. Et chaque année, elles sont plus de 200 000 à subir les violences physiques ou psychologiques de leur conjoint. « Trop souvent, la société les assimile à des cas isolés, restreints à la sphère privée, à des drames conjugaux. La réalité, c’est que ces violences constituent un fait politique et social. Il est le symbole le plus brutal de l’inégalité entre les femmes et les hommes. Il n’épargne aucun milieu, aucun territoire, aucune génération », a précisé la ministre de la Santé, Marisol Touraine, le 27 juin, lors du lancement national de la formation des référents contre les violences faites aux femmes.
Organisée par la mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof), cette formation a pour objectif d’aider les professionnels à mieux prendre en charge les victimes. Elle s’adresse aux 539 médecins référents « violences faites aux femmes », récemment nommés dans les services d’urgences du pays pour répondre à la mobilisation voulue par la ministre sur le sujet depuis 2012. « Nous savons que la plupart des femmes victimes de violences se présentent aux urgences, appellent le Samu ou les pompiers. Les urgentistes sont donc les premiers professionnels de santé à pouvoir repérer les violences », a expliqué Marisol Touraine. Ces référents auront également pour mission de sensibiliser et de former leurs collègues, et d’organiser des conditions de prise en charge optimale pour chaque victime.
« Tous les professionnels de santé doivent être mobilisés »
Ces mesures s’ajoutent à l’introduction, en 2013, d’un item « violences sexuelles » à la formation initiale des étudiants en médecine. Ce thème constitue aussi l’une des orientations prioritaires pour des programmes de développement professionnel continu des professionnels de santé. Enfin, le diplôme d’Etat des sages-femmes prévoit également des objectifs en termes de prévention, de diagnostic et d’épidémiologie des violences faites aux femmes.
« Si nous voulons atteindre nos objectifs, tous les professionnels de santé, acteurs indispensables dans le parcours de sortie des violences, doivent être mobilisés. » Le renforcement de la formation des professionnels, prévu par le 4e plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes (2014-2016) devrait notamment être élargi à d’autres professions de santé (infirmières, chirurgiens dentistes et masseurs-kinésithérapeutes) dans un prochain plan.
Bref, un dispositif apparemment complet destiné à répondre à ce qui constitue aujourd’hui un véritable enjeu de santé publique, car ces violences ne sont pas sans conséquence : « Elles portent atteinte à la santé physique, psychologique, reproductive et périnatale des victimes. Elles augmentent le risque de développer des maladies chroniques et des symptômes liés à un état de stress post-traumatique. L’Organisation mondiale de la santé estime que les femmes victimes de violences perdent entre une et quatre années de vie en bonne santé », a souligné la ministre.