Le 30 avril, la Journée internationale de la non-violence éducative a permis de rappeler que de simples gifles, fessées, oreilles tirées ou même des tapes sur les mains peuvent avoir des effets dévastateurs sur les enfants. D’après l’Unicef, 85 % des 2-14 ans dans le monde sont régulièrement soumis à des châtiments corporels ou à des agressions psychologiques (menaces, humiliations, chantage affectif). Et selon la Fondation pour l’enfance, plus de la moitié des parents frapperaient leurs enfants avant l’âge de 2 ans et les trois-quarts avant 5 ans. Or, l’association Stop Veo (pour Violence Educative Ordinaire), qui a lancé il y a quinze jours une campagne d’information sur le sujet, précise que « 75 % des maltraitances ont débuté dans un contexte de punitions corporelles ayant escaladé dans la maltraitance […] ; au point qu’en France, deux enfants par jour meurent sous les coups de leurs parents ». De nombreuses études, notamment en neurosciences, ont en outre « prouvé les méfaits pour la santé et l’inefficacité » de la violence éducative.
Altération de l’estime et de la confiance en soi
Cette violence physique, psychologique ou verbale communément admise parce que souvent transmise de génération en génération, utilisée envers l’enfant au prétexte de son éducation, accroîtrait le risque « d’altération de son estime et de sa confiance en lui ainsi que son potentiel d’apprentissage », explique Stop Veo. Ce n’est pas tout : à plus ou moins long terme, l’enfant aurait davantage tendance à « développer des troubles psychologiques (anxiété, dépression, comportements à risque envers soi ou les autres, voire agressifs et asociaux (car il pensera qu’un conflit ne se règle que par la violence) ou d’en subir (car il pensera qu’il est normal de subir des violences) ».
Méconnaissance des conséquences
Souvent, les parents pensent pourtant bien faire, rappelle la Fondation pour l’enfance. La plupart des adultes ont « intégré cette violence comme étant normale, par un processus psychique », explique la Fondation pour l’enfance. Ils « méconnaissent les conséquences de ces châtiments » et reproduisent le schéma familial et l’éducation qu’ils ont eux-mêmes reçue. Malgré tout, la protection des enfants contre toutes les formes de violence est un droit fondamental garanti par la Convention relative aux droits de l’enfant. La fessée est d’ailleurs interdite dans cinquante et un pays, mais elle reste tolérée en France où il existe encore un « droit de correction » issu du Code civil de 1804. Les choses devraient toutefois bientôt évoluer : en novembre 2018, l’Assemblée nationale a adopté une loi contre les violences éducatives ordinaires qui passera prochainement au Sénat. Cette loi, déposée par Maud Petit, députée du Val-de-Marne, doit inscrire dans le Code civil que « l’autorité parentale s’exerce sans violence physique ou psychologique ». Un extrait qui sera notamment lu par le maire durant les cérémonies de mariage.