Ce sont 4 000 médicaments délivrés sans ordonnance qui pourront être vendus sur Internet à partir du 12 juillet. L’arrêté autorisant la vente a été publié au Journal officiel le 23 juin, mais avec un certain nombre de contraintes qui devraient rassurer les pharmaciens.
La première des précautions n’est pas la moindre : pour obtenir une autorisation de vente en ligne de médicaments, un site devra obligatoirement être adossé à une officine physique, c’est-à-dire à une pharmacie ayant pignon sur rue. Cela signifie que, si cette dernière ferme, sa version Internet devra également fermer. Pour ouvrir un site marchand, les officines devront en faire la demande auprès de l’agence régionale de santé (ARS) dont elles dépendent. Une volonté de la part du législateur, afin de lutter contre la vente de contrefaçons sur la toile. Un encadrement rigoureux partagé par le Leem, l’organisation professionnelle qui regroupe les entreprises du médicament. Cette dernière a mis en avant, il y a quelque temps, une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) révélant que plus de la moitié des traitements vendus sur Internet sont contrefaits.
Un échange entre patient et pharmacien obligatoire
Par ailleurs, ces sites ne pourront pas héberger de forum de discussion. Cela dit, le texte stipule « qu’aucun médicament ne [pourra] être vendu sans qu’aucun échange interactif pertinent ne soit rendu possible avant la validation de la commande ». Le pharmacien devra donc pouvoir répondre aux questions que pourrait poser le patient, dans une boîte de dialogue ou par un échange d’e-mails par exemple.
Sur le site Internet, la présentation des médicaments vendus devra afficher clairement et « de façon objective et non trompeuse » un certain nombre d’informations : les indications thérapeutiques, la forme galénique (sachet, comprimé, gélule, etc.) ou encore la posologie (nombre de prises par jour) et le prix.
Livraison à domicile ou retrait en pharmacie
A l’origine, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, voyait plutôt ces sites de vente de médicaments fonctionnant « comme les “drive” des supermarchés » : un endroit où passer les commandes avant de retirer les achats en pharmacie. D’ailleurs, l’arrêté publié le 23 juin permet ce dispositif, mais y ajoute également la possibilité de se faire livrer les médicaments à domicile. L’envoi est effectué « sous la responsabilité du pharmacien ». Cette dernière option inquiète le Collectif national des groupements de pharmaciens (CNGPO) : même si le patient doit remplir un questionnaire thérapeutique lors de son achat sur Internet, « il est difficile de faire un accompagnement en ligne », estime Pascal Louis, président du CNGPO.
Un tout petit marché
Avec de telles restrictions, les 21 939 officines françaises n’ont pas trop de soucis à se faire. Les analystes estiment en effet que, dans un tel cadre, le marché ne devrait pas atteindre les 3 % de parts qu’il représente en Allemagne. Un sondage Ipsos confirme cette réflexion : si 80 % des Français ont déjà Internet, ils sont seulement 11 % à envisager d’avoir recours à ce moyen d’achat de médicaments sans ordonnance, même si 77 % d’entre eux ont déjà acheté en ligne.