« La vaccination a apporté une contribution essentielle à l’effondrement de la mortalité liée aux maladies infectieuses, précise la Cour des comptes dans le chapitre « Politique vaccinale » de son rapport annuel publié mercredi 7 février. Selon l’OMS, elle permet d’éviter deux à trois millions de décès par an dus à la diphtérie, au tétanos, à la coqueluche et à la rougeole. A l’exception de l’assainissement des eaux, aucune modalité d’intervention n’a eu autant d’impact sur la réduction de la mortalité. » On ne peut pas être plus clair. Pour les Sages de la rue Cambon, le passage de trois à onze vaccins obligatoires pour tous les enfants nés après le 1er janvier (hors contre-indication médicale) est donc une bonne chose. D’autant plus qu’elle « représente un coût modeste pour l’Assurance maladie (12 millions d’euros pour 2018, selon les estimations) ».
Dans le détail, la Cour estime que cette mesure, introduite par la loi de financement de la Sécurité sociale de 2018, était « nécessaire pour améliorer les couvertures vaccinales » des plus jeunes. Concernant certaines maladies, les taux restent en effet très nettement inférieurs à l’objectif de 95 % fixé par la loi du 9 août 2004 et ne « permettent plus d’assurer toujours une immunité de groupe ». Celui de la rougeole n’atteint par exemple que 79 %, et celui du méningocoque C, 70,9 %. Les Sages rappellent qu’entre 2008 et 2016 « plus de 24 000 cas de rougeole ont été déclarés en France. Parmi eux, 1 500 ont présenté une pneumopathie grave, 34 une complication neurologique et 10 ont provoqué un décès ».
Clarification du message de santé publique
Toujours selon le rapport, l’extension de l’obligation vaccinale permet aussi de clarifier le message de santé publique et de pallier les conduites d’évitement. En France, la coexistence de vaccins obligatoires et recommandés « trouble la lisibilité de la politique vaccinale », « affaiblit l’adhésion » et donne lieu à « d’intenses débats récurrents entre experts ». De plus, « les vaccinations recommandées sont souvent perçues comme moins importantes que les vaccinations obligatoires ». Désormais, les parents sont personnellement responsables de la vaccination de leurs enfants concernant onze maladies (diphtérie, tétanos et la polio [DTP], coqueluche, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B, bactérie Hæmophilus influenzæ, pneumocoque et méningocoque).
Cependant la Cour estime que le nouveau dispositif ne suffira pas à faire disparaître la défiance des Français vis-à-vis de la vaccination. Une méfiance particulièrement tenace, entretenue par les différentes crises et polémiques qui s’enchaînent depuis plus de vingt ans (campagnes de vaccination contre l’hépatite B, contre le virus de la grippe H1N1 et, plus récemment, contre le papillomavirus humain).
Présence active sur les réseaux sociaux
« Pour restaurer durablement la confiance et l’adhésion » et « entretenir une dynamique de mobilisation autour d’un outil majeur de santé publique […], plusieurs mesures d’imposent dans le cadre d’une politique d’ensemble », précise le rapport. Les Sages recommandent notamment de confier à la Haute Autorité de santé (HAS) le soin d’assurer la présence réactive d’une information indépendante et scientifique sur les réseaux sociaux, véritable « caisses de résonance des discours anti-vaccins ». Pour contribuer à l’amélioration de la couverture vaccinale, la Cour conseille en outre de généraliser le carnet de vaccination électronique afin de « permettre aux professionnels de santé de disposer d’une information fiable permettant un suivi et un partage simplifié du statut vaccinal ». Dans la même optique, elle suggère enfin de d’ouvrir la possibilité de vacciner à d’autres professionnels de santé (pharmaciens, infirmiers), de rétablir l’obligation vaccinale contre la grippe des professionnels de santé et d’impliquer activement la médecine scolaire dans la vaccination.