Un enfant sur trente conçu par assistance médicale à la procréation en France

, par  Isabelle Coston

Depuis la naissance de l’Anglaise Louise Brown, premier bébé-éprouvette au monde, qui fêtera ses 40 ans le 25 juillet, l’assistance médicale à la procréation (AMP) s’est largement démocratisée. Elle serait même aujourd’hui à l’origine d’une naissance sur trente en France.

Une synthèse de l’Institut national d’études démographiques (Ined) indique qu’en 2018, en France, un enfant sur trente devrait naître grâce à une technique d’assistance médicale à la procréation (AMP), soit plus précisément 3,4 % des naissances, qu’il s’agisse d’une fécondation in vitro (FIV) ou d’une insémination artificielle (IA).

Un recours croissant à la FIV…

La FIV est la technique la plus couramment utilisée. « Elle domine désormais le paysage de l’assistance médicale, relève Elise de La Rochebrochard, chercheuse Ined-Inserm et auteur de ce bilan. [...] Si la tendance se poursuit au rythme observé depuis trente ans, la France devrait arriver d’ici à la fin 2019 à un total de 400 000 enfants conçus par FIV. » En 2018, la proportion d’enfants nés grâce à une FIV atteindra 2,5 %, soit un enfant sur quarante. Bien que la technique ait progressé et que les médecins ne transfèrent plus que deux embryons dans l’utérus de la mère (ils envisagent même de diminuer encore le nombre de naissances gémellaires en ne transférant plus qu’un seul embryon), le nombre de naissances multiples reste significativement plus élevé avec les FIV que dans le cas d’une grossesse « naturelle » (110 enfants pour 100 accouchements consécutifs à une FIV, contre 101 enfants pour 100 accouchements à la suite d’une grossesse « naturelle »).

… mais peu d’AMP avec tiers donneur

Contrairement à ce que l’on a tendance à penser, l’AMP ne sous-entend pas forcément le recours à un don de spermatozoïdes, d’ovules ou d’embryons, voire à une gestation pour autrui (GPA). C’est même assez loin de la réalité, puisque « la quasi-totalité des enfants conçus par AMP en France (95 % en 2015) le sont avec les gamètes de leurs deux parents », indique Elise de La Rochebrochard.
Il faut dire que la loi française n’accorde l’accès à l’AMP qu’aux « couples hétérosexuels d’âge reproductif », ce qui pousse certains à se tourner vers des pays moins restrictifs, comme l’Espagne, la Grèce, la République tchèque, la Belgique ou le Danemark. De plus, malgré les campagnes d’information de l’Agence de la biomédecine, les dons d’ovocytes sont toujours très insuffisants en France.

Des questions d’éthique

« Au sein de l’Union européenne, l’AMP avec tiers donneur se concentre dans quelques pays qui accueillent les Européens ne pouvant accéder au don de gamètes chez eux », constate la chercheuse, qui pointe des problèmes d’éthique, notamment en raison de « la très forte concentration du don dans quelques pays, souvent de très petite taille » : « Pour répondre à la demande de la population européenne, ces pays doivent recruter un nombre important de donneurs qui ne peut reposer sur le seul altruisme de la population locale. Les donneuses pourraient alors en partie être des jeunes femmes en situation de fragilité économique, motivées par la compensation financière de 400 à 2 000 euros versée par les centres. »
Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), qui a rendu le 5 juin son rapport sur les Etats généraux de la bioéthique, réaffirme quant à lui la volonté des citoyens français de maintenir la gratuité du don de gamètes et le refus de la marchandisation du corps.

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