La réussite du déconfinement est maintenant l’affaire de tous. Pour cela, le retour à la vie sociale et économique doit se faire dans le plus strict respect des gestes barrières. Dans un rapport publié lundi 11 mai, date de la sortie progressive du confinement auquel la population française a été soumise, Jean Castex, le « Monsieur déconfinement » du gouvernement, posait les conditions d’un déconfinement réussi et expliquait ce même jour à la presse qu’un reconfinement en urgence devait être anticipé. Pendant ce temps, Christophe Castaner interdisait la consommation d’alcool le long du canal Saint-Martin et sur les quais de Seine à Paris en raison d’un trop grand nombre de personnes rassemblées…
Auditionné par la commission des Lois de l’Assemblée nationale mardi 12 mai, Jean Castex, maire de Prades (Pyrénées-Orientales) et coordinateur du gouvernement en charge du déconfinement, prévenait : « S’il y a un certain nombre d’indicateurs qui se dégradent, on ne va pas attendre le 2 juin pour reconfiner. » Celui-ci préfère d’ailleurs parler de « sortie progressive du confinement » pour bien souligner qu’un retour à « la vie d’avant » n’est pas encore à l’ordre du jour. Le rapport liste donc les prérequis indispensables pour limiter la circulation du nouveau coronavirus : identification rapide des cas, de leurs contacts, et isolement des patients et de tous les porteurs sains contagieux ; surveillance épidémiologique pour détecter les nouveaux cas et une éventuelle reprise de l’épidémie ; faible nombre journalier d’hospitalisations et d’admissions en réanimation pour Covid-19 ; taux de reproduction des cas sur le territoire inférieur à 1 ; nombre de lits de réanimation occupés et disponibles permettant la prise en charge des cas Covid +, notamment en cas de reprise épidémique ; stocks de protections matérielles (masques, gels hydroalcooliques) pour l’ensemble de la population.
Distanciation physique et gestes barrières
Car le virus est toujours là et il est « imprévisible », rappelle le maire de Prades. Le respect des mesures barrières (distanciation physique, réunions interdites au-delà de dix personnes, port du masque, etc.) est donc plus que jamais d’actualité. Malheureusement, une étude montrait récemment que seulement 35 % des Français portaient un masque lorsqu’ils sortaient. Autre problème, le masque est souvent mal porté. Beaucoup le mettent et l’enlèvent sans s’être préalablement lavé les mains ou encore le portent sous le nez ou sous le menton, au risque de s’infecter en mettant le virus directement en contact avec leurs voies aériennes supérieures. Par ailleurs, plusieurs attroupements pour fêter la fin du confinement, notamment à Paris, ont dû être dispersés par la police. Les transports publics, en particulier dans la capitale, sont aussi regardés de près. Si le port du masque y est obligatoire, les règles de distanciation physique, en revanche, y sont plus difficiles à appliquer.
Attention au relâchement de la population
Jean Castex prend en exemple la Corée du Sud où « le virus est réapparu » alors que toutes les conditions étaient remplies pour qu’il n’y ait pas de reconfinement. En Allemagne aussi, qui s’est pourtant illustrée par sa bonne gestion de la crise sanitaire en affichant un taux de mortalité largement inférieur à celui d’autres pays européens comme l’Italie, l’Espagne ou la France, le nombre de contaminations semble reparti à la hausse. « Il y a eu un peu de laisser-aller, on peut le comprendre, en vue du 11 mai, mais il faut bien dire à nos concitoyens qu’une grosse part du succès est entre leurs mains », a-t-il souligné. L’adhésion de tous les Français aux mesures de protection est une composante essentielle de la réussite du déconfinement. Elle déterminera les conditions d’une deuxième phase après le 2 juin.