Tu mourras à vingt ans,
d’Amjad Abu Alala
Inspiré d’une une nouvelle d’un écrivain et activiste soudanais, Hammour Ziada (qui vit en Egypte parce qu’il a été banni de son pays), le récit se déroule au Soudan, dans la province d’Aljazira, de nos jours. Parce que peu après la naissance de Muzamil, le chef religieux du village prédit qu’il mourra à 20 ans, le père de l’enfant ne peut supporter le poids de cette malédiction et s’enfuit. La mère, Sakina élève alors seule son fils, le couvant de toutes ses attentions. Le père, qui travaille dans différents pays voisins, écrit de temps en temps - mais sans annoncer son retour.
Un jour, Muzamil a 19 ans et sent de plus en plus le poids de la malédiction. Divers événements l’amènent à réagir. Par exemple, la rencontre de la charmante Naïma, ou l’influence de Suleiman, un homme mûr qui a voyagé, boit de l’alcool et regarde des films, toutes choses très éloignées de Muzamil.
Suleiman engage le jeune homme à ne pas se laisser dicter sa conduite, et à vivre avant tout, à expérimenter autant le bien que le mal...
Muzamil va-t-il se rebeller, à l’image du peuple soudanais lui-même au bout de 30 ans de dictature ? Saura-t-il prendre enfin sa course vers autre chose, vers la liberté et la maîtrise de sa vie ?
Le film montre comment une forte croyance peut affecter la vie des gens - et la façon dont cette foi peut être instrumentalisée politiquement. Le régime d’Omar el-Béchir (tombé au printemps dernier) a « utilisé l’Islam pour faire taire le peuple », rappelle le réalisateur, lui-même soudanais grandi à Dubaï, et qui a redécouvert son pays à l’adolescence.
Alain NOËL
Sortie le 12 février