En juin 2012, l’Académie de médecine publiait une série de recommandations relatives à la prescription de médicaments chez les personnes âgées. Elle estimait que les praticiens devaient apprendre à mieux tenir compte du fait que, souvent, ces patients souffrent de plusieurs pathologies. Or, notait à l’époque l’académie, « il existe une relation entre le nombre de médicaments consommés et la survenue d’un effet indésirable médicamenteux ».
Manque d’information
Le faible niveau de précision de cette dernière remarque n’est pas anodin. Il existe en effet un véritable manque d’information sur l’assimilation d’un médicament par l’organisme d’une personne âgée. Les connaissances sont encore plus restreintes concernant les conséquences du suivi de plusieurs traitements en même temps (la polymédicamentation).
Aujourd’hui, la situation semble n’avoir que très peu évolué. C’est parce que « les essais en gériatrie sont exceptionnels », relève le docteur Jean-Marie Vetel, gériatre au Mans, dans un article publié dans le Quotidien du médecin la semaine dernière. En conséquence, les praticiens s’adaptent et se basent sur une extrapolation, quelque peu hasardeuse, des données de l’adulte.
Mieux hiérarchiser les risques
Pourtant, le senior n’est pas un adulte comme les autres. « La frontière pourrait être fixée artificiellement à 75 ans », note le Quotidien du médecin. Au-delà, les patients doivent être considérés comme étant davantage « à risque », puisqu’ils ont en moyenne entre six et sept maladies simultanément. Ce sont aussi des personnes très fragiles.
Le réflexe est généralement de traiter toutes ces pathologies en même temps. Pourtant, cela a souvent des conséquences désastreuses. Ainsi, 10 % des plus de 75 ans atterrissent aux urgences à cause d’un problème lié à leur médicamentation. C’est ce que l’on appelle l’iatrogénie. Pour éviter cela, le docteur Jean-Marie Vetel recommande notamment de mieux hiérarchiser les risques liés à chacune des maladies pour choisir celle que l’on traite en priorité. Il rappelle aussi la nécessité de contrôler régulièrement les reins : c’est un bon moyen de connaître l’effet de la médecine sur l’organisme tout entier.