Aux effets secondaires déjà connus du tramadol (nausées, vertiges et plus rarement tremblements, confusion, voire hallucinations) s’ajoute désormais un risque accru d’hypoglycémie (baisse anormale du glucose dans le sang). C’est ce que montre une étude publiée récemment dans la revue Scientific Reports par des chercheurs en sciences pharmaceutiques de l’université de Californie à San Diego. Ce médicament opioïde, disponible uniquement sur ordonnance pour soulager les douleurs modérées à intenses, est le plus consommé de France (12 millions de boîtes écoulées par an) et fait partie des cinq antalgiques les plus prescrits au monde. Inquiets de son utilisation croissante aux Etats-Unis les scientifiques ont souhaité établir une nouvelle analyse de ses effets indésirables et sont « tombés sur une hypoglycémie non répertoriée et inattendue », explique Tigran Makunts, auteur principal de l’étude.
Dix fois plus de risque qu’avec les autres opioïdes analysés
Les chercheurs ont constaté un risque jusqu’à dix fois plus élevé de présenter une hypoglycémie avec le Tramadol qu’avec la quasi-totalité des autres antidouleurs analysés. « Nous avons identifié que seule la méthadone [une substance utilisée pour soigner la dépendance à l’héroïne ou à d’autres opiacés, NDLR] de la cohorte d’opioïdes se comporte de manière similaire », expliquent-ils. L’étude précise en outre que le risque accru d’hypoglycémie est souvent lié à un diabète préexistant, mais qu’il concerne aussi les personnes non diabétiques. Pour parvenir à ces résultats, les auteurs ont analysé 12 millions de rapports issus du système de notification des événements indésirables de la Food and drug administration (FDA) américaine.
Des complications pouvant affecter la qualité de vie
Ces « effets indésirables sont très préoccupants », note les auteurs. Non traitée, l’hypoglycémie peut avoir de graves conséquences, « notamment un dysfonctionnement neurocognitif, des lésions des cellules rétiniennes et une perte de vision, un risque de chute et d’autres complications affectant la santé et la qualité de vie ». Les scientifiques, qui précisent toutefois que leurs conclusions doivent encore être confirmées par un essai clinique contrôlé et randomisé, appellent donc à la prudence. Ils conseillent notamment aux médecins de « surveiller le taux de glucose lors de l’initiation du Tramadol ou de la méthadone » chez tous les patients, qu’ils soient diabétiques ou non. Ils recommandent aussi de privilégier autant que possible les analgésiques non opioïdes chez les personnes « présentant un risque d’hypoglycémie ou de complications associées à l’hypoglycémie ».