Les chiffres de plusieurs études, comme celle récemment menée l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) et la mutuelle MGEN, confirment que les Français se couchent de plus en plus tard et dorment mal. Conséquence, près d’un quart des Français somnole durant la journée, principalement dû au fait que le soir à la maison, 90 % d’entre eux passent leur temps devant un écran. Dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de début mars, les médecins de Santé publique France pointent en effet que le temps de sommeil total des adultes dans la semaine décroît, en moyenne 6 heures 42 par 24 heures en 2017, « soit pour la première fois en dessous des sept heures minimales quotidiennes habituellement recommandées pour une bonne récupération ». Même s’ils estiment que ce déclin n’est pas une fatalité, ce baromètre est préoccupant, car toutes les études épidémiologiques prouvent que dormir peu engendre des complications, notamment la réduction de la vigilance dans la journée, une qualité de vie familiale et professionnelle perturbée. Par ailleurs, dormir moins de six heures est véritablement nocif pour la santé et augmente le risque d’obésité, d’hypertension, de pathologies cardiaques et d’accidents.
Des explications à ce déclin
Le monde change, différents facteurs ont particulièrement bouleversé notre relation au sommeil qui devient même quelque part un temps facultatif pour certains. « Il est en effet bien malmené dans la compétition quotidienne qu’il mène face aux loisirs et au travail », note Santé publique France. Essentiel au bien-être et à la santé, le sommeil fait face à de multiples perturbateurs, à commencer par le bruit et la lumière après le coucher du soleil. Trop de sédentarité n’aide pas non plus au sommeil, alors que les sorties en plein air et l’activité physique sont recommandées. La vie professionnelle peut aussi expliquer la baisse du sommeil, avec des travailleurs restant davantage à leur poste, et augmentant au passage la sédentarité. Le BEH pointe également l’augmentation du travail de nuit et un temps de trajet entre le domicile et le lieu de travail plus long dans les raisons de la baisse du temps de sommeil. Mais, les nouvelles technologies, qui sont à la fois addictives et nuisibles pour la qualité du sommeil, sont l’une des raisons principales de ce déclin. Des adultes aux enfants, il y a un « sur investissement dans le temps passé face à des écrans : smartphones, tablettes, ordinateurs et l’abondance de l’offre culturelle et de divertissement via ces outils, à toute heure de la soirée et même de la nuit, perturbent le temps dévolu au sommeil », confirme les chercheurs.
Réapprendre à dormir
Dans Le Parisien du 13 mars, la psychiatre Sylvie Royant-Parola, présidente du Réseau Morphée, dresse le constat alarmant qu’en deçà de six heures de sommeil, « le corps n’est plus à même de récupérer. Il s’endommage ». En conclusion, il faut réapprendre à vivre en harmonie avec son sommeil pour qu’il reste réparateur et que grâce à un temps nécessaire il puisse propager et conserver ses vertus essentielles d’agent nettoyeur et consolider la mémoire.