Dans son dernier numéro, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH, Santé publique France) s’est penché sur le cas de cinq jeunes filles des Pays de la Loire hospitalisées en réanimation entre 2013 et 2016 après un syndrome du choc toxique (SCT) lié aux règles. Très rare (une vingtaine de cas par an en France), cette maladie fait l’objet d’une couverture médiatique importante depuis quelques années. On se souvient notamment de l’histoire de Lauren Wasser, ce mannequin américain amputé de la jambe droite à la suite d’une septicémie induite par le SCT. « Le syndrome de choc toxique staphylococcique est une affection […] potentiellement sévère causée par une souche de Staphylococcus aureus », explique le BEH. C’est cette bactérie, peu commune et importée le plus souvent par l’utilisatrice elle-même lorsqu’elle introduit le tampon dans le vagin sans s’être lavé les mains, qui produit la toxine à l’origine du choc toxique. Favorisé par le port prolongé du tampon et donc par la présence de sang menstruel qui ne s’écoule pas (un très bon milieu de culture pour les bactéries), le staphylocoque se multiplie, avant de produire la toxine. Celle-ci passe ensuite dans la circulation sanguine à travers la muqueuse vaginale, empoisonne le sang et finit par provoquer le choc toxique. Les premiers symptômes s’apparentent à un début de grippe : une forte fièvre, une grosse fatigue, des douleurs diffuses et des frissons.
Des tampons portés toute la nuit
Concernant les cas observés dans les Pays de la Loire, les investigations ont révélé une mauvaise utilisation des tampons : « Pour quatre cas, un tampon était porté la nuit, soit une durée d’utilisation en continu supérieure à huit heures (alors qu’il est recommandé de le changer toutes les quatre à huit heures ; lire l’encadré ci-dessous, NDLR). Pour un cas, il avait été mis en place la nuit précédant la date des règles », notent les chercheurs. Le lavage des mains, censé être effectué avant et après la pause, « était variable selon les cas ». Trois des cinq jeunes filles utilisaient en outre des tampons de type super ou super +, dont deux tout au long de leurs règles. Or, selon les recommandations officielles, le port de tampons hyper-absorbants doit être limité aux jours où le flux est le plus important.
Autre enseignement intéressant : les analyses sanguines des cinq patientes ont révélé qu’aucune d’entre elles n’avaient développé d’anticorps contre cette toxine, même après l’infection. Cela indique « un risque accru de récidive impliquant d’éviter l’utilisation de tampons vaginaux par ces jeunes filles ». A noter que ces anticorps sont naturellement présents chez 90 % des femmes (ce qui ne veut pas dire qu’elles ne développeront jamais de SCT).