Suicide en France : forte baisse, mais toujours l’un des taux les plus élevés d’Europe

, par  Vincent Portois

Un chiffre ressort du troisième rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS), publié le 5 février dernier : entre 2003 et 2014, on observe un recul de 26 % du nombre de décès par suicide en France. Motivant pour les défenseurs au quotidien d’une prévention plus solide, ce résultat cache malgré tout de nombreux chiffres anxiogènes. La France demeure parmi les pays d’Europe au taux de suicide le plus élevé.

En trente ans, la France est passée sous la barre des 10 000 suicides, notamment grâce aux antidépresseurs, à une meilleure prise en charge des maladies mentales – avec la démocratisation des psychothérapies – ou encore à l’inclusion de cette thématique dans les politiques de santé publique. Pour l’Observatoire national des suicides (ONS), « il est difficile de déterminer le poids d’un facteur plutôt qu’un autre du fait que le suicide est multifactoriel, [mais] un élément de connaissance important est que cette baisse est observée en France et dans la plupart des pays développés ».
Avec, selon le rapport de l’ONS, 8 885 décès par suicide enregistrés officiellement en 2014, l’Hexagone reste tout de même dixième sur une liste de trente-deux pays, affichant l’un des taux de suicide les plus élevés d’Europe. Le nombre de décès par suicide pourrait même avoisiner les 10 000, car « il ne prend en compte que les morts déclarées comme telles sur le certificat de décès ».
Le rapport nous apprend également que le suicide est « la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans, après les accidents de la circulation ». Certes, « le taux de décès par suicide est plus faible chez les adolescents qu’en moyenne. Toutefois, comme peu de personnes décèdent à cette période de la vie, le suicide est une cause de mortalité chez les jeunes parmi les plus fréquentes. Il représente 16 % des décès entre 15 et 24 ans et 20 % chez les 25-34 ans, alors qu’il représente moins de 1 % des décès chez les 75 ans ou plus ».
C’est chez les hommes que le suicide est plus présent, particulièrement chez ceux âgés entre 45 et 54 ans. Sur le plan de la répartition géographique, la Normandie et la Bretagne sont les plus touchées par le phénomène, tandis que la Corse et l’Auvergne-Rhône-Alpes sont les régions au plus faible taux de suicide.

Politique de santé publique plus impliquée

Si les tentatives de suicide étaient prises en compte, nul doute que les pourcentages ne seraient pas les mêmes… Cela dit, malgré un mal-être social patent, un nombre de burn-out en hausse et un contexte tel que des salariés, voire des chômeurs dans l’impasse passent à l’acte, ce troisième rapport de l’ONS démontre que le suicide recule grâce à une meilleure prise en charge. Dans le journal La Croix Michel Debout, médecin spécialiste de la prévention du suicide et de la souffrance au travail, confirmait à la sortie du rapport cette implication « officielle » : « Longtemps, cela a fait figure de tabou. On n’en parlait tout simplement pas. Il a fallu attendre une décision du Conseil économique social et environnemental (CESE) de 1993 pour que le suicide soit pour la première fois considéré comme un problème de santé publique. Puis l’objectif de passer sous la barre des 10 000 suicides par an a été fixé en 2001 par Bernard Kouchner, quand il était au gouvernement. On n’y est arrivé qu’en 2010, soit donc pas loin de dix ans plus tard. Tout cela demande beaucoup de temps. » Par ailleurs, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a rappelé fin 2017 que « la prévention et la promotion de la santé mentale dans la stratégie nationale de santé [...] définit le cadre de la politique de santé pour les cinq prochaines années ». Dans la continuité de Marisol Touraine, qui avait créé l’Observatoire national du suicide en 2013, elle a en particulier confirmé sa volonté de renforcer la compréhension et la prévention du suicide. Dont acte.

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