Certaines blessures cérébrales pourraient considérablement augmenter les risques de développer un stress post-traumatique. C’est ce que révèle une étude menée par l’équipe Inserm du professeur Emmanuel Lagarde et publiée récemment dans la revue Jama Psychiatry. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont interrogé, trois mois après leur accident, 1 300 patients passés par les urgences du CHU de Bordeaux. Ils en ont conclu que les personnes victimes d’un traumatisme crânien consécutif à un accident, à une agression ou à une chute avaient quatre fois plus de risques de souffrir d’un stress post-traumatique que les personnes blessées à une autre partie du corps. Des résultats plutôt surprenants : « Pendant longtemps, on pensait au contraire que le traumatisme crânien et le stress post-traumatique n’avaient aucun lien. Or il semblerait que la blessure ait un rôle à jouer dans la genèse de ces signes-là », précise Emmanuel Lagarde, interrogé par Lefigaro.fr.
200 000 victimes chaque année
Difficultés à se concentrer, cauchemars, insomnies, impossibilité d’évoquer l’accident ou l’agression… Le stress post-traumatique, un syndrome très handicapant d’abord repéré chez les militaires de retour du combat, concernerait, en France, environ 200 000 personnes chaque année. Grâce à l’étude, les chercheurs ont pu isoler les profils les plus vulnérables, ce qui permettra par la suite d’adapter la prise en charge : ainsi, les femmes, les personnes psychiquement fragiles ou celles ayant subi des traumatismes ponctuels ou chroniques par le passé seraient plus susceptibles de développer le syndrome à la suite d’un traumatisme crânien. Le risque est aussi plus élevé pour les victimes d’accident de voiture ou d’agression. Actuellement, le stress post-traumatique se soigne par la psychothérapie, notamment les thérapies comportementales et cognitives, ou par la prescription d’antidépresseurs. Plus la prise en charge est précoce, plus elle est efficace. D’où l’importance de consulter un psychologue ou un psychiatre immédiatement après une agression, un accident ou un choc potentiellement traumatisant, même sans symptômes du syndrome. Ces derniers peuvent en effet mettre plusieurs semaines à se manifester.