Dès le 1er janvier 2018, les défunts infectés par le sida ou par les hépatites virales auront droit au même traitement que les autres. Un arrêté, publié le 20 juillet au Journal officiel, a en effet levé l’interdiction des soins de conservation des corps (ou thanatopraxie) qui visent à retarder la décomposition et consistent notamment à injecter un produit antiseptique et conservateur à la place du sang. Cette décision de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait alors été saluée par les associations qui réclamaient cette avancée depuis longtemps.
Près de 550 pétitionnaires en deux semaines
Or, cette dernière n’est pas au goût du Syndicat professionnel des thanatopracteurs indépendants et salariés (SPTIS), qui a mis en ligne une pétition. Par la voix de son président, Cédric Ivanes, le syndicat demande le rétablissement de l’interdiction. « Les soins de conservation sont un procédé invasif, où le risque de piqûre ou de coupure est réel, malgré le port des équipements de protection individuelle recommandés », explique-t-il, avant d’ajouter qu’en « l’absence de preuves scientifiques de la condition des virus dans un corps mort – les seules études portant sur l’air libre – les risques sont réels, sans possibilité de traitement curatif ». « Les familles des défunts porteurs du VIH ou d’hépatites souhaitent-ils au fond d’eux nous voir rejoindre la longue et triste liste des contaminés ? », plaide pour finir Cédric Ivanes, qui a réuni environ 548* signatures en deux semaines.
Les associations répondent
Le 29 août, vingt associations** ont réagi dans une lettre ouverte et dénoncent « une série de mensonges, contre-vérités et de stigmatisations ». Concernant les risques de contamination, elles précisent qu’il est « scientifiquement prouvé aujourd’hui qu’une personne ayant connaissance de sa séropositivité et étant sous traitement antirétroviral a une charge virale indétectable dans le sang et ne transmet pas le VIH ». Puis, elles listent les différents traitements qui permettent de lutter contre le sida et les hépatites : « Des vaccins existent contre les hépatites virales A (depuis 1995) et B (depuis 1982). Des nouveaux traitements contre l’hépatite C permettent une suppression du virus (98 % des personnes en première intention de traitement), supprimant de fait les possibilités de transmission. Des traitements antirétroviraux existent depuis 1996. Nous ne sommes donc plus dans la situation des débuts de l’épidémie, où les personnes décédaient sans avoir bénéficié d’un traitement et dont la charge virale au décès pouvait être très élevée. Il existe même des traitements post-exposition (TPE), et des traitements préventifs (prophylaxie pré-exposition [PrEP]), auxquels ont d’ailleurs régulièrement recours les professionnels de santé à la suite d’accidents d’exposition au sang (AES). » En réponse au dernier argument avancé par Cédric Ivanes, les associations rétorquent que « seules des précautions universelles peuvent garantir que vous ne rejoignez pas “la longue et triste liste des contaminés” comme vous l’écrivez odieusement ».
* Au 4 septembre 2017.
** Act-up Paris, Act-up Sud-Ouest, Actif santé, Actions traitements, Aides, Arcat, Asud, Cigales, Collectif hépatites virales, Collectif TRT-5, Dessine-moi un mouton, Elus locaux contre le sida, Envie, Nova dona, Sida info service, Sidaction, Sol en si, SOS hépatites, SOS homophobie et Transhépate.