Le 1er décembre dernier, la Journée de lutte conter le sida a fêté ses 25 ans. Cette mobilisation internationale avait été lancée à l’initiative de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 1er décembre 1988, soit dix ans avant que l’épidémie n’atteigne son apogée. Rendez-vous incontournable il y a quelques années – on se souvient du préservatif géant déroulé sur l’obélisque de la Concorde en 1993 par Act Up –, cette journée a aujourd’hui perdu de son urgence. Certes, d’énormes progrès ont été réalisés en matière de prévention, d’éducation et de traitement antirétroviraux, mais la maladie n’a pas pour autant disparu. Une campagne d’information à destination des jeunes et l’annonce de la baisse de la TVA de 7 à 5,5 %, sur les préservatifs par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, viennent relancer les messages de prévention. Il ne faut pas oublier que 20 000 à 30 000 personnes séropositives en France et dans les territoires d’outre-mer ne savent pas qu’elles portent le virus. Et l’an dernier, 6 400 nouvelles contaminations ont eu lieu.
De moins en moins utilisé
Moyen le plus efficace pour se protéger contre le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles (IST), comme la chlamydia ou la syphilis, le préservatif est de moins en moins utilisé et il est négligé par les populations à risque. Selon les dernières enquêtes du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut national de veille sanitaire (INVS), présentées dans Le Monde, 69 % des personnes interrogées estimaient, en 2004, qu’il s’agissait d’un moyen « tout à fait efficace » ; elles n’étaient plus que 57 % en 2011. A l’inverse, 70 % estimaient en 2011 que faire régulièrement un test de dépistage était une manière « tout à fait » ou « plutôt » efficace pour se protéger du sida, alors qu’elles étaient 63 % en 2004. Selon les auteurs de l’étude, « ces évolutions peuvent être le résultat des campagnes de prévention diffusées depuis le début des années 2000 et fortement orientées vers le dépistage », qui ont pu « contribuer à brouiller quelque peu la place du préservatif comme principal outil de prévention ».
Une nouvelle campagne destinée aux jeunes
L’abandon du préservatif est particulièrement inquiétant chez les jeunes, qui méconnaissent les IST. S’ils utilisent majoritairement le préservatif lors du premier rapport sexuel, ils se protègent en effet bien moins pour les suivants, rapporte le site Internet Pourquoi-docteur.nouvelobs.com. Un tiers des moins de 30 ans déclarent que leur dernier rapport était protégé ; en 2004, ils étaient 50 % à l’affirmer. L’usage du préservatif recule, alors que c’est la tranche d’âge qui déclare le plus souvent avoir changé de partenaire au cours des douze derniers mois. Face à cette situation, l’Institut de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) lance une nouvelle campagne d’information qui leur est spécialement adressée, avec le slogan « VIH, chlamidia, syphilis… La meilleur défense, c’est le préservatif ». A cette occasion, le site Onsexprime.fr vient d’être lancé, complété par une page Facebook du même nom. Vidéos, conseils, espaces d’échanges sont proposés, le tout sur un ton humoristique et décalé, pour apprendre tout ce que vous n’avez jamais osé demander sur le corps, les risques et la sexualité.