Souvent atteintes de polypathologies et de maladies chroniques, les personnes âgées sont les championnes de la consommation de médicaments en France. C’est ce que confirme une récente enquête de la société d’analyse de données de santé Celtipharm, dont l’objectif était d’« évaluer le taux de surmédication, voire d’hypermédication chez les patients âgés ». Révélée par Le Parisien, cette étude précise qu’entre le 1er juillet 2012 et le 30 juin 2013 10,1 % des ordonnances des Français présentées chez le pharmacien comportaient plus de cinq médicaments. Pour les 70 ans et plus, ce taux s’est envolé à presque 19,5 %. Un chiffre d’autant plus inquiétant que près des trois quarts des produits prescrits aux personnes âgées sont des médicaments cardiovasculaires, des psychotropes et des antalgiques. Par ailleurs, dans cette tranche d’âge, 340 000 personnes consomment plus de dix médicaments chaque mois. Or, comme le rappelle Celtipharm sur son site Internet, « selon les experts, au-delà de cinq médicaments distincts délivrés à un même patient, la possibilité d’interactions médicamenteuses est très élevée et les risques encourus difficilement évaluables ».
Recommandations non suivies
En juin 2012, l’Académie nationale de médecine publiait une série de recommandations allant dans ce sens et insistait sur la fragilité des personnes âgées, plus sensibles aux effets secondaires. Pour réduire les risques d’accidents, l’académie invitait les médecins à limiter les prescriptions aux médicaments indispensables. Elle recommandait aussi aux pouvoirs publics d’établir une liste de spécialités potentiellement inadaptées aux personnes âgées. Autre idée, formulée par Jean de Kervasdoué, titulaire de la chaire d’économie et de gestion des services de santé au Conservatoire national des arts et métiers, sur BFM TV en octobre dernier : mettre en place un dispositif imposant aux pharmaciens de cosigner toutes les ordonnances de plus de cinq médicaments. Bref, un ensemble de recommandations et de pistes resté apparemment lettre morte, qu’il s’agisse des médecins, des pouvoirs publics ou des pharmaciens.