Sous l’égide de l’Unesco et portée par l’association du même nom, la 19e édition de la Semaine du son, qui se déroule du 16 janvier au 1er février 2022, « a pour but d’initier le public et de sensibiliser tous les acteurs de la société à l’importance de la qualité de notre environnement sonore », soulignent les organisateurs. Christian Hugonnet, ingénieur en acoustique et fondateur de la Semaine du son, a profité de l’occasion pour présenter en amont une étude réalisée par l’équipe du professeur Paul Avan, directeur du Centre de recherche et d’innovation en audiologie humaine à l’Institut de l’audition.
Son compressé et fatigue auditive
Cette étude menée pendant deux ans sur des cochons d’Inde, des animaux ayant une ouïe assez proche de celle des humains, avait pour objectif d’évaluer les effets du son compressé sur l’audition. Un son compressé est un son numérique qui a été "tassé" électroniquement afin de supprimer les écarts entre les sons forts et les sons faibles. Autrement dit, il s’agit pour obtenir ce son, de relever le niveau sonore d’un son faible pour qu’il soit plus audible, et inversement de diminuer un son trop fort.
Les chercheurs ont exposé des cochons d’Inde durant 4 heures à de la musique très compressée ou non, au niveau maximum légal de 102 dBA (pour « décibel pondération A »). Leur audition a été évaluée juste avant, juste après, puis 24 heures, 48 heures et jusqu’à une semaine plus tard. Si aucun des cobayes n’a perdu l’ouïe, ils ont cependant tous présenté « une fatigue plus importante des voies réflexes protectrices de l’oreille », précisent les chercheurs, qui ajoutent que les petits animaux ont aussi mis plus de 48 heures à récupérer. Conclusion : si la musique compressée n’endommage pas directement l’oreille, elle la fragilise, et une écoute trop longue et répétée constitue un réel danger.
Du répit pour les oreilles
Le problème réside certainement dans le fait que le son compressé, contrairement à un son non compressé ou modérément compressé, ne contient plus aucun silence, ce qui empêche l’oreille de se reposer, ne serait-ce que quelques millisecondes.
Grâce aux alertes récurrentes des médecins, ainsi qu’à la mobilisation de chaînes de radio et de musiciens, la mise en place d’un label « non compressé » pourrait bientôt voir le jour. Le 1er février à 20 heures, un concert démonstration sera également organisé pour « rendre tangible » ce qu’est une musique compressée, au théâtre du Châtelet, avec Thomas Dutronc.
Des événements autour de la thématique du son
Le programme, consultable sur le site de la Semaine du son, sera riche de 65 évènements au total. Organisés dans plus de 30 villes à travers la France, des forums, conférences, tables-rondes, ateliers et concerts pourront être suivis, en français et en anglais, sur place ou à distance via la Web TV de Lasemaineduson.org. Ces événements permettent d’aborder différentes thématiques liées au son dans les domaines de la santé, de l’environnement, de la société, de l’économie, de l’industrie et de la culture. Tout au long de l’année 2022, 20 pays organiseront à leur tour une semaine du son afin de sensibiliser sur cet enjeu de santé publique mondial.