La Mutualité française compte bien faire entendre sa voix lors du Ségur de la santé initié par le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran. Thierry Beaudet, son président, a pour cela d’ores et déjà présenté quelques-unes des mesures qu’il estime prioritaires. Ces dernières proviennent de la plateforme de propositions qui sera remise au ministre de la Santé. Ainsi, priorisation du maintien à domicile et refondation du modèle des établissements d’hébergement pour personnes dépendantes (Ehpad), transfert des compétences de la prévention aux régions, regroupement systématique des professionnels de santé, recentrage des missions des agences régionales de santé (ARS), etc., font partie des propositions mises en avant par la Mutualité.
Revoir en profondeur le modèle des Ehpad
La réorganisation et le renforcement des Ehpad figurent en priorité parmi les 24 propositions formulées dans le cadre du Ségur. Cette refonte pourrait ainsi permettre d’assurer des services à distance, mais aussi leur donner davantage de moyens. « Les derniers mois nous l’ont démontré : malgré l’engagement du personnel soignant, les résidents d’Ehpad sont les principales victimes en cas de crise sanitaire. Ils représentent moins de 1 % de la population mais plus de 50 % des morts du Covid-19 », rappelle Thierry Baudet.
Désengorger l’hôpital public
Autre leçon tirée de la crise sanitaire liée au Covid-19, : en finir avec « l’hospitalo-centrisme ». « Nous sommes parvenus à traverser la crise grâce à la formidable mobilisation du personnel hospitalier. Mais nous n’avons pas pu nous reposer totalement sur la médecine de ville », regrette le président de la FNMF, qui propose d’inciter les professionnels de santé à se regrouper d’ici cinq ans dans des espaces de santé pluriprofessionnels (ESP). Il rejoint en cela la volonté du président de la République. Emmanuel Macron avait en effet annoncé en 2018, lors de la présentation du plan Ma Santé 2022, que « l’exercice isolé – c’est-à-dire d’un professionnel de santé seul dans son cabinet – [devait] devenir l’exception à l’horizon 2022 ». Pour cela, Thierry Beaudet n’hésite pas à proposer des mesures contraignantes, notamment de baisser la rémunération des médecins choisissant de continuer à exercer seul en cabinet en ville. Cette proposition a, sans surprise, fortement déplu aux syndicats de médecins (SML, MG France…) qui ont immédiatement publié des communiqués pour protester et revendiquer leur « droit à exercer librement ».