Santé périnatale : Santé publique France publie une étude inédite

, par  Sophie Lupin

Moins de bébés, des mères plus âgées et des pathologies maternelles en hausse… Pour la première fois un rapport de Santé publique France analyse l’état de la santé périnatale du pays et son évolution de 2010 à 2019, plus particulièrement « préoccupante » en Outre-mer.

Le nombre de naissances ainsi que les taux de natalité baissent chaque année partout en France, sauf en Guyane. Selon les chiffres du rapport de surveillance de la santé périnatale en France, Santé publique France, publié le 20 septembre 2022, on enregistrait 810 000 naissances en 2010 contre 733 000 en 2019. Ces chiffres s’expliquent à la fois par la baisse de la population de femmes entre 20 et 40 ans depuis le milieu des années 1990 et la baisse de leur fécondité.

30,3 ans : l’âge moyen des femmes à la naissance

En effet, chez les femmes en âge de procréer (24-35 ans) la fécondité diminue, tandis que le pic des naissances se déplace vers des femmes plus âgées (35-44 ans) et moins fécondes. L’âge maternel moyen à l’accouchement est passé de 29,3 ans en 2010 à 30,3 ans en 2018. Parallèlement, ce rapport révèle une aggravation de la précarité des mères : moins d’accouchements couverts par l’Assurance maladie (96,8 % en 2010 contre 96 % en 2019), davantage de mères en situation irrégulière bénéficiant de l’Aide médicale d’État (1,6 % en 2010 et 2,5 % en 2019) ou sans abri (5,8 % en 2010 en Île-de-France et 22,8 % en 2019). La situation est plus inquiétante dans les départements et régions d’outre-mer (Drom), en particulier en Guyane où un tiers des accouchements ne sont pas couverts par l’Assurance maladie.

Évolutions des facteurs de risque et des comportements

Certaines pathologies maternelles pendant et après la grossesse sont en augmentation : les troubles hypertensifs (4,5 % en 2010 et 5 % en 2019) et le diabète gestationnel (6,7 % en 2010 et 13,6 % en 2019). Cette hausse est liée en partie aux changements des modalités de dépistage, mais également à l’augmentation des facteurs de risque tels que l’obésité ou l’âge maternel plus élevé. Les pratiques médicales à l’accouchement, étudiées par Santé publique France, montrent une diminution importante du nombre d’épisiotomies (29,5 % en 2010 et 10 % en 2019) et une stabilité des césariennes (autour de 20 %). Autre enseignement de cette étude, le taux de tabagisme avant la grossesse diminue, passant de 39 % des futures mères en 1995 à 30 % en 2016. Mais la proportion des femmes arrêtant de fumer durant la grossesse est stable. La France reste l’un des pays européens ayant la plus forte prévalence de tabagisme maternel en Europe.

Et du côté des nouveau-nés ?

Depuis 2010, en métropole, le taux de naissances multiples est stable (autour de 3,3 %) et celui de faibles poids à la naissance également (autour de 11,5 %). Le taux de prématurité, avec un peu moins de 60 000 enfants par an, est en légère diminution. Là encore, les chiffres sont bien différents dans les DROM avec un taux de mort-nés 1,5 fois plus élevé et un taux de mortalité néonatale deux fois plus élevé. Le taux de mortalité maternelle y est quatre fois plus élevé qu’en métropole.

Les constats issus de ce rapport « plaident en faveur d’un renforcement de la prévention et de la promotion de la santé périnatale » et « un meilleur accès aux droits et aux soins, en particulier dans certains territoires ».
Santé publique France rappelle les outils mis à la disposition des parents tel le site 1000-premiers-jours.fr, lancé en septembre 2021, et rediffusera à partir du 26 septembre 2022 sa campagne d’information « Devenir parent, c’est aussi se poser des questions ».

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