Toute activité physique est-elle bonne pour le cœur ? C’est la question que se sont posée des chercheurs. Dans une nouvelle étude coordonnée par Jean-Philippe Empana, de l’Inserm, menée en collaboration avec une équipe australienne, et dont les résultats ont été publiés dans la revue Hypertension, le postulat selon lequel mieux vaut, pour une bonne santé cardiovasculaire, n’importe quelle activité physique plutôt que pas d’activité physique du tout, vient d’être ébranlé. Jean-Philippe Empana et ses collègues se sont appuyés sur les données des participants de l’Enquête Prospective Parisienne III. Cette grande étude française suit depuis dix ans l’état de santé de plus de 10 000 volontaires, âgés de 50 à 75 ans et recrutés au cours d’un bilan de santé au Centre d’examen de santé de Paris.
Dans son communiqué du mardi 5 novembre, l’Institut déclare que l’activité physique n’est pas toujours notre meilleure alliée : « entre la pratique régulière d’un sport, le port de charges lourdes sur notre lieu de travail ou la marche entre amis, ces effets protecteurs pourraient bien varier », constate l’Inserm.
Quand l’activité physique fait plus de mal que de bien
Pire : elle pourrait même tuer. Pour mettre au point une politique de prévention contre la mortalité cardiovasculaire efficace, rappellent les auteurs de l’étude, il faut déjà définir ce qu’est une activité physique salutaire. Ces derniers mettent notamment en garde contre certains gestes physiques réalisés dans le cadre du travail, comme le port répété de charges lourdes, particulièrement délétère. Ils soulignent que les façons de se dépenser n’ont pas le même impact sur la santé. Faire du sport ou jardiner pendant ses loisirs n’a pas les mêmes effets sur la santé que l’activité produite dans un contexte de travail. « L’étude montre que l’activité physique sportive de haute intensité est associée à un meilleur baroréflexe neural (mesure des signaux nerveux envoyés par les récepteurs présents sur les parois de l’artère, en réponse à une distension de celle-ci, NDLR). A l’inverse, l’activité physique au travail (de type port répété de charges lourdes) serait plutôt associée à un baroréflexe neural anormal et à une plus grande rigidité artérielle. Elle pourrait donc être délétère pour la santé cardiovasculaire, et notamment être associée à des maladies rythmiques [pouvant] aboutir à un arrêt cardiaque », concluent les chercheurs.