L’Assurance maladie, qui expérimente avec un certain succès une plateforme d’intervention départementale pour l’accès aux soins et à la santé (Pfidass), a décidé de l’étendre à l’ensemble du territoire. Testée pour la première fois en 2014 par la CPAM du Gard, puis élargie à vingt et une autres caisses primaires en 2016, cette plateforme sera déployée dans un département sur deux dès avril 2017 et deviendra effective partout en France d’ici à la mi-2018. L’objectif est d’aller au-devant des assurés qui font une croix sur des soins dont ils auraient besoin et de leur proposer des solutions adaptées.
Si l’on se réfère à une étude menée en 2016 dans dix-huit départements par l’Observatoire des non-recours aux droits et aux services (Odenore), « plus d’un quart des assurés interrogés dans les accueils de l’Assurance maladie seraient concernés par des situations de renoncement aux soins », indique l’Assurance maladie dans un communiqué. Les difficultés financières et le manque d’information sur les aides existantes sont les premières raisons invoquées par ces personnes. Les plus précaires sont bien entendu les plus nombreux à reculer devant un reste à charge trop élevé, prenant le risque d’être encore plus fragilisés par une dégradation de leur état de santé. Sans surprise, les soins dentaires (30 % des patients), les consultations de spécialistes (26 %) et l’ophtalmologie (20 %), qui sont les postes les plus onéreux, arrivent en tête des renoncements.
Repérer les « renonceurs »
Pour aider les plus démunis à bénéficier de ce droit fondamental qu’est l’accès aux soins, l’Assurance maladie a décidé de « prendre le taureau par les cornes ». Elle a confié pour mission à ses agents d’identifier, parmi les personnes qui se présentent aux guichets de la Sécu, celles qui seraient en situation de se priver des soins nécessaires, afin de leur proposer un accompagnement individuel. Elle s’appuiera aussi sur des partenaires locaux : professionnels de santé, collectivités territoriales, centres communaux d’action sociale (CCAS), établissements hospitaliers, organismes complémentaires…, invités à l’alerter dès qu’ils identifient une personne susceptible de renoncer à des soins. Une tâche assez délicate, car ces patients « n’évoquent que rarement leurs difficultés », précise l’Assurance maladie, qui donne quelques pistes : « Les situations de renoncement aux soins concernent majoritairement des femmes (58,6 %), des personnes vivant seules (36,6 %) ou les familles monoparentales (17,7 %). » D’après l’Assurance maladie, « les identifications proviennent en majorité des accueils au sein des caisses (48,5 %) ou des autres services de la caisse (18,5 %), les sources externes (partenaires et professionnels de santé) contribuant à 7 % des identifications ».
Un accompagnement personnalisé
Une fois repéré, et sous réserve de son consentement, l’assuré est approché par un agent de la CPAM qui va lui proposer un accompagnement « sur mesure ». Cela commence par un bilan complet de ses droits. Peut-il bénéficier de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC), de l’aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS) ? Les raisons qui l’empêchent de se soigner doivent aussi être clarifiées : le frein majeur est-il surtout le reste à charge ou plutôt l’avance de frais ? Faut-il par exemple l’aider à trouver un praticien aux tarifs abordables, à réaliser un montage financier d’aides pour la délivrance de lunettes ?…
Une fois les besoins spécifiques établis, un suivi, d’une durée moyenne de soixante-dix jours, est réalisé par un conseiller dédié qui accompagne l’assuré dans ses démarches. Ce dernier est aidé jusqu’à son rendez-vous chez le praticien. Une démarche « proactive », à mille lieues de l’image bureaucratique que l’on se fait généralement de la Sécu.