Ce que change la loi
Jusqu’alors, et ce depuis 2004, toute recherche portant sur l’embryon et les cellules souches était strictement interdite en France, exception faite pour celles qui avaient reçu une dérogation spéciale. Pour cela, aucun autre moyen de faire ce type de recherche ne devait être possible et les « découvertes potentielles » devaient déboucher sur des « progrès thérapeutiques majeurs ». Entre 2005 et 2012, soixante-dix projets de recherche sur des cellules souches ont été autorisés, selon l’Agence de biomédecine, qui délivre les dérogations. Désormais, le recours à des cellules souches embryonnaires est autorisé, à certaines conditions : il faut que le projet soit scientifiquement pertinent, qu’il ait pour but une application médicale, qu’il ne puisse être réalisé qu’à partir d’embryons humains et qu’il respecte des garanties éthiques, c’est-à-dire que les embryons proviennent uniquement de fécondations in vitro réalisées dans le cadre de procréations médicalement assistées (PMA)*.
Ce qu’espèrent les scientifiques
« L’enjeu, c’est la médecine régénérative et la thérapie cellulaire », a commenté Roger-Gérard Schwartzenberg, ancien ministre de la Recherche et président des députés PRG, au journal Le Monde. Les cellules souches prélevées dans la masse cellulaire de l’embryon ont en effet la particularité de pouvoir reproduire n’importe quel tissu de l’être humain. Une faculté qu’elles perdent très rapidement au cours du développement de l’embryon. En les travaillant, les scientifiques de la recherche fondamentale espèrent pouvoir, à terme, s’en servir pour aider à la reconstruction d’un muscle cardiaque endommagé (suite à un infarctus du myocarde, par exemple), régénérer un foie affecté par une cirrhose ou encore réparer la peau des grands brûlés.
Ce qui fait débat
Au-delà des questions du type « L’embryon est-il déjà un être humain ? » ou « Quand commence la vie ? » (questions qui dépassent le champ de la recherche scientifique et font appel à la morale et à l’éthique), un débat strictement technique demeure. Ainsi, des opposants à la recherche sur les cellules souches embryonnaires estiment qu’il existe une alternative. Il s’agit des cellules souches adultes pluripotentes induites (CSPI). Prélevées généralement sur la peau d’un adulte consentant, celles-ci sont « reprogrammées » à l’aide d’un sorte de cocktail de gènes et peuvent être utilisées comme cellules souches pour la médecine régénératrice. Cette méthode comporte tout de même un défaut majeur : pour être modifiées, ces CSPI doivent être soumises à un oncogène, un gène connu pour favoriser le développement des cancers.