A l’occasion de la publication, le 11 septembre, du 12e Baromètre Ipsos pour le Secours populaire, l’association s’est penchée cette année sur le problème de la précarité alimentaire. Selon les chiffres relevés dans cette enquête, menée du 22 au 26 juin auprès de 1 016 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française, le phénomène prendrait de plus en plus d’ampleur.
Un Français sur cinq n’a pas les moyens de s’alimenter correctement
Un peu plus d’un Français sur cinq (21 % exactement) a affirmé dans ce sondage ne pas être en mesure de s’offrir une alimentation saine ni d’avoir la possibilité de faire trois repas par jour. Parmi les personnes interrogées, 27 % d’entre elles ont même admis ne pas pouvoir consommer de fruits et de légumes frais quotidiennement à cause de revenus insuffisants. A la question : « Mangez-vous du poisson ou de la viande au moins une fois par semaine ? », nombreux parmi les sondés répondent de façon négative (22 % pour le poisson et 17 % pour la viande). Chez les plus modestes, c’est-à-dire ceux dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1 200 euros, avoir une alimentation saine, suffisante et équilibrée est – comme on peut s’y attendre – encore plus problématique. Près d’une personne sur deux (48 %) déclare en effet ne pas pouvoir se nourrir correctement à cause de difficultés financières.
Les enfants, eux aussi, sont concernés, puisque 19 % des parents d’enfants de moins de 18 ans affirment avoir du mal à payer la cantine. Plus les revenus du foyer baissent, plus ce chiffre augmente (58 % pour les foyers percevant moins de 1 200 euros). Cette situation préoccupe l’association, d’autant que pour certains enfants, le repas pris à l’école est le seul vraiment équilibré de la journée.
Un marqueur de pauvreté
Pour 86 % des personnes interrogées, le manque d’argent pour s’alimenter de façon saine et équilibrée est d’ailleurs « l’indicateur clé de la pauvreté ». Elles aussi considèrent qu’une personne est pauvre lorsqu’elle gagne moins de 1 118 euros mensuels, un seuil de pauvreté un peu plus élevé que le chiffre officiel. En 2016, l’Insee l’a établi à 60 % du revenu médian de la population, soit un seuil évalué à 1 026 euros. Alors qu’il est déjà compliqué pour la plupart des Français de respecter les recommandations nutritionnelles, notamment « manger cinq fruits et légumes par jour », les plus précaires en sont encore bien loin. Si le manque de temps est souvent évoqué pour justifier des repas déséquilibrés, l’étude montre surtout que le manque d’argent est un réel obstacle à une alimentation saine. « L’alimentation est loin d’être un poste de dépense préservé. Au contraire, face aux dépenses contraintes, comme le logement ou l’énergie, elle est de plus en plus souvent une variable d’ajustement », explique le Secours populaire, qui précise que l’ajustement peut être « quantitatif (manger moins, sauter un repas…) ou qualitatif (manger moins équilibré, moins de produits frais…) ».