Élisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, et Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État chargé des Retraites et de la Santé au Travail, se sont entretenus par visioconférence, mardi 18 août, avec les partenaires sociaux au sujet de l’évolution des règles sanitaires en entreprises. Face à la recrudescence de cas de Covid-19 – 60 clusters en milieu professionnel sont en cours d’investigation – et à l’approche de la fin des vacances scolaires, le Protocole national de déconfinement pour les entreprises, publié le 3 mai et mis à jour le 24 juin et le 3 août, devait en effet être revu pour s’adapter à la situation.
Masque obligatoire dans les lieux clos et partagés
La rumeur qui courait déjà depuis quelques jours a bien été confirmée par la ministre : d’ici la rentrée, le port du masque sera « systématisé » en entreprise dans les lieux clos et partagés (salles de réunion, open space, couloirs, vestiaires, bureaux partagés, etc.). Et ce, même si des vitres en plexiglas ont été installées, a précisé le secrétariat d’État de la Santé au Travail. En revanche, « dans le cas du bureau individuel, le port du masque ne s’impose pas dès lors qu’il n’y a qu’une personne présente », est-il précisé. Jusqu’à présent, le masque n’était imposé que quand il n’était pas possible de respecter la distanciation d’un mètre entre les collaborateurs. Considéré comme un équipement individuel de sécurité, son coût sera désormais à la charge de l’employeur. « Les dernières connaissances scientifiques sur le risque possible de transmission du virus par aérosol [publiées par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) le 14 août, NDLR] nous conduisent à adopter un principe général de port systématique dans les espaces clos et partagés en entreprise, a déclaré Laurent Pietraszewski. Nous allons maintenant travailler avec les partenaires sociaux sur les modalités pratiques de mises en œuvre et de possibles adaptations de cette nouvelle norme. »
Le télétravail participe à la prévention
Autre point abordé par la ministre du Travail : le télétravail. Celui-ci reste recommandé « en ce qu’il participe à la démarche de prévention du risque d’infection et permet de limiter l’affluence dans les transports en commun ». « Des concertations des partenaires sociaux se poursuivent sur le télétravail et pourraient examiner les adaptations requises dans le cadre du recours au télétravail en période de pic épidémique », précise le ministère. Enfin, l’importance des autres mesures barrières complémentaires (distanciation physique, lavage régulier des mains, nettoyage et désinfection des surfaces de travail, aération des locaux…) a été rappelée, ainsi que les recommandations sur l’hébergement des travailleurs (logement individuel à privilégier). « La meilleure chose que nous pouvons faire pour préparer la rentrée, c’est de rassurer les salariés sur le fait que, collectivement, nous prenons les précautions pour éviter la propagation du virus, a expliqué Élisabeth Borne. Il en va de la protection de la santé des travailleurs et de la continuité de notre activité économique. »
Il ne faut pas attendre que la situation sanitaire se dégrade. Avec les partenaires sociaux, nous voulons prendre toutes les précautions pour éviter la propagation du virus, pour protéger les salariés et garantir la continuité de l'activité économique. https://t.co/kKu68pHuBL
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) August 18, 2020
D’autres réunions à venir
Du côté des partenaires sociaux, le Mouvement des entreprises de France (Medef) assure que « les entreprises se conformeront aux consignes sanitaires de l’État », mais son président délégué, Patrick Martin, au micro de BFMTV réclamait, la veille de la réunion avec la ministre, que « les nouvelles mesures soient pragmatiques et laissées en bonne part à la main des partenaires sociaux ». Sur la même ligne, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) « a insisté sur le fait que les règles applicables doivent être claires, simples et préciser de manière explicite et sans ambiguïté, les indispensables dérogations tenant compte de la réalité et de la diversité des situations professionnelles ». « Les efforts déjà consentis par les entreprises doivent naturellement être pris en compte », a-t-elle ajouté dans un communiqué. La confédération générale du travail (CGT) estime quant à elle que « le masque obligatoire ne doit pas servir d’alibi à la protection des salariés ». Dans une vidéo, Fabrice Angei, dirigeant du syndicat, rappelle que cette période particulière devrait être aussi l’occasion d’aborder « les questions de conditions de travail, d’organisation du travail, de télétravail et de la réduction du temps de travail ».