L’Anses a publié, le mardi 16 juillet 2019, un rapport d’expertise relatif aux particules de l’air extérieur qui « confirme avec des niveaux de preuve forts, les effets sur la santé (atteintes respiratoires et cardiovasculaires et décès anticipés) liés à certaines composantes des particules de l’air ambiant dont les particules ultrafines, le carbone suie et le carbone organique ». Pour arriver à cette conclusion, l’agence a passé au crible 160 études scientifiques menées chez l’humain et l’animal entre 2013 et février 2016 et a ainsi évalué l’impact des différentes particules en fonction de leur composition, de leur source et de leur taille.
Des particules qui pénètrent dans le sang
Les particules mises en cause sont des poussières en suspension, invisibles à l’œil nu, appelées PM, pour Particule matter en anglais. Elles sont de différentes tailles. Les plus « grossières », les PM 10, de taille inférieure à 10 micromètres – 8 fois plus petite que le diamètre d’un cheveu – pénètrent dans l’appareil respiratoire. Les particules fines ou PM 2,5 sont inférieures ou égales à 2,5 micromètres (l’équivalent d’une bactérie) et vont plus profondément au cœur des voies respiratoires, au niveau des alvéoles. Enfin, les particules ultrafines ou PM 0,1, inférieures à 0,1 micromètre, sont particulièrement toxiques pour l’organisme car elles peuvent passer dans la circulation sanguine. « Les niveaux de preuves les plus forts d’effets néfastes pour la santé concernent le carbone suie, le carbone organique et les particules ultrafines (taille nanométrique) », indique ainsi l’Anses avant de préciser : « Les données recueillies depuis 2013 confirment ou renforcent le lien avec des atteintes respiratoires et cardiovasculaires et les décès anticipés ». L’agence ajoute, avec prudence, que les études « suggèrent un effet du carbone suie et des particules ultrafines sur le développement des performances cognitives de l’enfant, ainsi qu’un effet du carbone suie sur le faible poids de naissance ».
Améliorer la qualité de l’air
L’émission de ces polluants est principalement due au trafic routier mais elle est aussi liée à la combustion des produits fossiles (charbon et pétrole) et de la biomasse (le chauffage au bois). Pour améliorer la qualité de l’air, l’Anses émet donc une série de recommandations. En premier lieu, elle préconise de « cibler en priorité, dans les politiques publiques concernant l’air, trois indicateurs particulaires actuellement non réglementés : les particules ultrafines, le carbone suie et le carbone organique, en complément des indicateurs de particules PM 2,5 et PM 10 actuellement en vigueur ». Elle estime également qu’il faut « poursuivre les efforts nationaux et internationaux de réduction de la pollution de l’air ambiant en agissant sur les principales sources maîtrisables d’émission : le trafic routier, la combustion de charbon, de produits pétroliers et de biomasse, ainsi qu’en réduisant l’exposition aux poussières de désert ». Enfin, l’agence souhaite que la recherche scientifique se penche plus « sur les effets sur la santé associés à l’exposition à d’autres sources de particules telles que l’agriculture, le transport maritime, l’activité aéroportuaire pour lesquelles peu de données sont disponibles actuellement ».