Après le médecin traitant, le patient peut maintenant désigner un « pharmacien correspondant » auprès de l’Assurance maladie, selon un décret publié le 28 mai au Journal officiel. Celui-ci aura un rôle renforcé qui lui permettra de renouveler des traitements et d’adapter une posologie, à condition que l’ordonnance porte mention de cette possibilité.
En lien avec le médecin traitant
La notion de « pharmacien correspondant » n’est pourtant pas nouvelle. Elle a été introduite par la loi du 21 juillet 2009 portant sur la réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) mais avec une procédure complexe qui n’a jamais réellement été mise en œuvre. Elle donnait déjà la possibilité de « renouveler périodiquement des traitements chroniques, ajuster, au besoin, leur posologie et effectuer des bilans de médications destinés à en optimiser les effets » seulement « à la demande du médecin ou avec son accord ». Cette dernière mention a disparu dans le nouveau décret. Toutefois, le médecin peut toujours indiquer des limites à l’ajustement de posologie ou réduire cette possibilité. La durée totale de la prescription et de l’ensemble des renouvellements ne doit par ailleurs pas excéder douze mois.
Un membre à part entière du parcours de soins
Ces modifications ont été bien accueillies au sein des officines. C’est « un projet qui mise sur l’avenir », a indiqué Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) sur Twitter, qui regrette quand même qu’il ne s’agisse pas encore d’une « révolution immédiate ». De son côté, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (Uspo) a estimé, au micro de France info le 31 mai, que le décret est « une réelle avancée pour les patients » qui « va permettre de se mettre d’accord avec le médecin pour suivre un patient malade chronique ». « Cela s’appelle de la coordination des soins et nous en avons besoin, car il faut gagner du temps médical et permettre au patient d’être suivi à domicile dans de bonnes conditions », a-t-il ajouté. Du côté des médecins, les avis sont plus mitigés. Si certains accueillent d’un bon œil la coopération avec les pharmaciens, d’autres estiment que les rôles ne doivent pas être mélangés. « Le médecin prescrit, le pharmacien délivre », écrit ainsi Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) sur Twitter, et de poursuivre : « Respectons-le, c’est fondamental pour maintenir une bonne qualité de prise en charge des patients. »