PestiRiv, c’est le nom de l’enquête menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et par Santé publique France sur l’exposition aux produits phytosanitaires des riverains des zones viticoles. « Ses résultats permettront de savoir si les personnes vivant en zone viticole sont plus exposées aux pesticides que le reste de la population et dans ce cas faire des recommandations pour limiter cette exposition », explique le communiqué.
Répondre à une demande sociétale
Le démarrage de cette étude intervient dans un contexte d’interrogation de la population et des pouvoirs publics sur l’impact des pesticides. Plusieurs élus locaux, dont le maire de Langouët en Ille-et-Vilaine, ont en effet pris ces derniers mois des arrêtés interdisant l’utilisation de produits phytopharmaceutiques à moins de 150 mètres des habitations. La plupart de ces arrêtés ont depuis été suspendus par la justice administrative mais le grand public s’est saisi de la question. Le gouvernement a réagi, début septembre, en proposant de fixer à 5 ou 10 mètres, selon le type de culture, la distance minimale entre les zones d’épandage et les maisons et en organisant une consultation publique pendant trois semaines. Mais, ces solutions n’ont pas convaincu les maires et les associations environnementales. L’étude PestiRiv, même si elle ne concerne qu’un type bien précis d’agriculture, permettra sans doute d’apporter un éclairage scientifique au débat car « peu de données sont disponibles sur l’exposition aux pesticides chez les riverains de zone viticole et les impacts pour leur santé », rappelle Santé publique France
Une première étape de test
L’étude constitue « le premier travail à l’échelle de la France continentale d’évaluation de l’exposition aux pesticides chez les riverains de viticulture en tenant compte de toutes les sources d’exposition : air, eau, alimentation, activité professionnelle et usages domestiques », indique l’agence sanitaire. La première phase a débuté le lundi 28 octobre dans les régions Nouvelle-Aquitaine et Grand-Est. Elle permettra d’évaluer la faisabilité opérationnelle et logistique avant un déploiement national en 2021. « Pour que l’étude nationale soit une réussite, il est essentiel que tous les acteurs : riverains, viticulteurs, agriculteurs, élus locaux, organismes interprofessionnels de la viticulture … soient impliqués, explique Clémence Fillol, responsable de l’unité surveillance biologique des expositions et des effets à Santé publique France. La première phase de l’étude nous permettra de recueillir les questions qu’elle suscite sur le terrain et au besoin d’ajuster notre méthodologie. Ce retour d’expérience est indispensable pour mener à bien cette étude inédite qui nécessite une forte implication des participants et dont les résultats sont très attendus. » Au total, 60 ménages résidant à moins de 500 mètres de parcelles viticoles ont été sélectionnés. Pendant six semaines, ils recevront à plusieurs reprises les chercheurs à leur domicile où des prélèvements seront effectués. Ils devront également répondre à des questionnaires sur leurs habitudes de vies.