La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a présenté lors des Rencontres nationales Santé-Environnement de Bordeaux, lundi 14 janvier, le nouveau projet de stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens. Celui-ci, également porté par François de Rugy, ministre de la Transition écologique, fait l’objet d’une consultation publique jusqu’au 8 février 2019.
Les perturbateurs endocriniens, ces composés chimiques susceptibles d’interférer avec le système hormonal et qui peuvent entraîner d’importants problèmes de santé sont accusés de causer des problèmes de fertilité, de croissance, voire être à l’origine de certains cancers. Ils sont présents dans de nombreux produits de consommation courante comme les cosmétiques, les vêtements, les jouets ou encore les produits ménagers. L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) avait estimé en décembre 2017 dans un rapport que la France n’avait pas mis en œuvre les moyens suffisants pour surveiller et étudier ces substances malgré la première Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE). Pour pallier ces lacunes, le gouvernement propose donc un nouveau plan d’action.
Mieux informer le grand public
Toutes les molécules controversées ne sont pas forcément répertoriées. Dans le but de mieux identifier les substances à risques ainsi que leur niveau de toxicité, l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) a été missionnée pour publier d’ici à 2021 une liste officielle de perturbateurs endocriniens. Ceux-ci seront classés en trois catégories : « suspecté », « présumé » et « avéré ». En attendant la publication de cette liste, le projet prévoit la création, en 2019, d’un site d’information grand public sur les produits chimiques, dont les perturbateurs endocriniens. Une meilleure formation des personnels de santé et le financement de recherches scientifiques spécifiques sur le sujet sont également au programme.
Les réactions des ONG
Si les organisations non gouvernementales (ONG) jugent plutôt favorablement l’annonce du plan, qui a le mérite de proposer un budget, des actions concrètes ainsi qu’un calendrier, certaines trouvent cependant qu’il reste trop conciliant vis-à-vis des industriels. Elles regrettent par exemple l’absence de mise en place d’un étiquetage spécifique des produits contenant une de ces substances. Fleur Gorre, chargée de campagne sur les produits chimiques au sein de l’association Générations Futures, souligne dans les colonnes du Parisien que « les industriels ne sont donc pas obligés de les remplacer par des produits moins toxiques et [qu’]il n’y a rien de coercitif ». Le gouvernement envisage en effet plutôt un travail de concertation pour « guider » l’action des industriels vers la substitution des substances controversées, notamment en identifiant des alternatives. Quant aux professionnels de santé, l’Association France environnement (Asef), elle, n’a pas attendu le plan pour les informer. Elle a déjà publié un guide à télécharger et à diffuser auprès de leurs patients.