Année après année, les médecins volontaires pour effectuer des gardes de nuit se font de plus en plus rares. Tel est le constat posé par le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) dans la treizième édition de son enquête sur la permanence des soins ambulatoires en médecine générale. En 2015, au niveau national, le taux de médecins engagés dans la permanence des soins a été de 65 %, soit une très légère baisse par rapport à 2014 (67 %). Derrière ce chiffre se cachent toutefois de grandes disparités territoriales. Ainsi, 25 départements enregistrent une baisse du volontariat, de 10 % et plus pour 15 d’entre eux, alors que 6 départements notent une hausse de l’engagement de plus de 10 %. « Ces évolutions du volontariat, à la hausse comme à la baisse, concernent des départements ruraux comme des départements à forte densité urbaine », indique le rapport.
Un dispositif fragile
L’érosion des vocations a des conséquences. Dans environ 8 % des territoires, la permanence des soins en soirée (de 20 heures à minuit) ne fonctionne pas « en raison d’un déficit de médecins ». Plus grave, les gardes en nuit profonde, c’est-à-dire de minuit à 8 heures, ne sont plus assurées dans 31 départements, soit 69 % des secteurs de permanence, contre 67 % en 2014 et 61 % en 2013.
Les facteurs sociaux de la population médicale, comme « la baisse de la démographie, l’inversion de la pyramide des âges, le déficit d’attrait de la profession libérale auprès des jeunes médecins », expliquent, selon le Cnom, la fragilisation du dispositif. En 2015, « les crispations de la profession face à certaines mesures de la loi de modernisation de notre système de santé » sont aussi en cause.
Améliorer la concertation
Pour inverser la tendance, le Cnom préconise une meilleure collaboration entre les agences régionales de santé (ARS) et les organisations représentatives des médecins généralistes, une « remise à plat profonde de l’organisation territoriale des soins » et une « sensibilisation de la population sur la bonne utilisation du dispositif ». Bien que la création d’un numéro d’appel unique national pour contacter un médecin de garde ait été votée, le Conseil regrette que la permanence des soins n’ait tenu « qu’une place minime » dans la loi santé.