Près d’un Français sur quatre serait touché par la pénurie de médicaments, selon une enquête BVA réalisée pour France Assos Santé en janvier 2019. Corticoïdes, anticancéreux, vaccins, antibiotiques, pourtant très utilisés et indispensables, sont parfois en rupture de stock en France. Le gouvernement promet la mise en place, dès septembre, de solutions pour répondre à ce problème récurrent et qui s’aggrave d’année en année. C’est dans cette optique qu’Agnès Buzyn a présenté, en avant-première , lundi 8 juillet devant l’Ordre des pharmaciens, sa feuille de route pour 2019-2022.
Quatre axes pour agir
Celle-ci est construite autour de 28 actions qui s’articulent en 4 axes :
- Promouvoir la transparence et la qualité de l’information afin de rétablir la confiance et la fluidité entre tous les acteurs : du professionnel de santé au patient.
- Lutter contre les pénuries de médicaments par des nouvelles actions de prévention et de gestion sur l’ensemble du circuit du médicament.
- Renforcer la coordination nationale et la coopération européenne pour mieux prévenir les pénuries de médicaments.
- Mettre en place une nouvelle gouvernance nationale en instaurant un comité de pilotage chargé de la stratégie de prévention et de lutte contre les pénuries de médicaments.
Pour septembre prochain, Agnès Buzyn prévoit la mise en place d’un « comité de pilotage de lutte contre les pénuries mobilisant l’ensemble des acteurs concernés ». Elle promet également que tous les acteurs pourront discuter les actions présentées et qu’ils seront invités à participer et à enrichir la feuille de route. Cette dernière fera d’ailleurs « l’objet d’une évaluation régulière et d’un bilan annuel publié ».
Des molécules sous tension
Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), trois classes de produits d’intérêt thérapeutique majeur (ITM) sont plus particulièrement exposées : les anti-infectieux, les médicaments du système nerveux et les anticancéreux. Plus de 1 200 traitements ou vaccins seront concernés par des situations de pénurie sur l’ensemble de l’année 2019. C’est 60 % de plus qu’en 2018, et 30 fois plus qu’en 2008, détaille de son côté, France Assos Santé.
L’association de défense des patients demande au gouvernement d’adopter en urgence « des mesures fermes et concrètes », notamment « la transparence totale sur les causes de ces ruptures d’approvisionnement, un renforcement des sanctions à l’égard des responsables et une politique volontariste de relocalisation de la production des matières premières nécessaires à la fabrication des médicaments ». France Assos Santé, par la voix de son nouveau président Gérard Raymond qui assistait à la présentation de la feuille de route de la ministre, s’insurge en effet contre le fait que « des personnes atteintes de cancers, de Parkinson ou d’épilepsie chronique ne puissent trouver en pharmacie les traitements qui leur ont été prescrits ». Il rappelle que : « Les médicaments ne sont pas des produits de consommation comme les autres, leur production et leur distribution ne sauraient répondre à la seule logique de rentabilité financière. » En tout cas, en septembre, l’association compte bien faire entendre la voix des patients.