Parkinson : bientôt un diagnostic précoce ?

, par  Isabelle Coston

La maladie de Parkinson évolue lentement avant de se manifester tardivement par certains signes comme des tremblements et une raideur des bras et des jambes. Grâce à une récente découverte scientifique permettant la réalisation d’un diagnostic précoce, cela pourrait bientôt changer.

La plupart du temps, la maladie de Parkinson, une pathologie neurodégénérative, est diagnostiquée bien souvent des années après son apparition sur la base de symptômes cliniques tels que des tremblements ou des difficultés à effectuer certains gestes. Si les patients ont une espérance de vie normale, leur quotidien est gâché par des difficultés physiques qui ont tendance à s’accroître avec le temps. Car cette pathologie se caractérise par la destruction progressive des neurones impliqués dans le contrôle des mouvements (les neurones à dopamine de la substance noire du cerveau). Généralement asymptomatique pendant plusieurs années, on la découvre seulement lorsque le cerveau n’arrive plus à compenser le manque de dopamine cérébrale et que le parkinson en est déjà à un stade avancé.

Un simple test sanguin pour diagnostiquer la maladie de Parkinson

« Le diagnostic de la maladie de Parkinson est difficile parce qu’il repose sur la présence de signes cliniques qui n’apparaissent que tardivement dans l’évolution de la maladie », confirme l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), avant d’ajouter : « Toutefois, cela pourrait changer : une équipe de recherche vient en effet de développer un test sanguin dont la précision pourrait être suffisante pour identifier spécifiquement la maladie, même débutante. »

Une découverte fortuite

Sabrina Boulet et Florence Fauvelle, toutes deux chercheuses à l’Institut des neurosciences de Grenoble, ont réussi à développer un biomarqueur permettant de différencier les individus sains et ceux atteints d’une maladie de Parkinson débutante, à partir d’une simple prise de sang. C’est notamment en étudiant des animaux « qui miment spécifiquement les stades précoces » de la maladie qu’elles ont observé des modifications du « métabolome ». Or, ces mêmes modifications se retrouvent chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, même à un stade précoce. Le métabolome est l’ensemble des métabolites (substances organiques produites par les transformations opérées au sein de la cellule) présents dans un échantillon biologique. Il représente une sorte de repère des processus biologiques en cours dans l’organisme d’une personne. Il évolue au fil de la vie et des maladies que l’on peut développer.

Un test sûr à plus de 80 %

Cette découverte a permis aux chercheuses de mettre en place une stratégie en mêlant des résultats des animaux et des humains atteints de Parkinson. Elles sont parvenues ainsi à « définir un biomarqueur comprenant plusieurs composés spécifiques, qui permet de discriminer les personnes avec un diagnostic de maladie de Parkinson de personnes non atteintes, et ce avec une précision de 82,6 % », note l’Inserm. La recherche va donc se poursuivre par l’étude d’échantillons provenant de patients pris avant d’avoir déclaré Parkinson. « S’il était validé, on peut imaginer que ce biomarqueur pourrait être utilisé en pratique clinique de routine, pour diagnostiquer les personnes suspectées d’être atteintes ou qui ont un risque élevé de développer la maladie », développe Florence Fauvelle.

L’espoir d’un traitement curatif

Aujourd’hui, l’on ne sait pas encore guérir Parkinson. On sait seulement atténuer les symptômes grâce aux traitements pharmacologiques, en y associant aussi des thérapies complémentaires comme la kinésithérapie ou l’orthophonie. « Si cette analyse était en outre assez sensible pour repérer la maladie dès ses premiers stades, elle pourrait aider au développement de médicaments curatifs, qui cibleraient les mécanismes d’évolution de la maladie », souligne l’Inserm. Pour développer de tels médicaments, il faut d’abord comprendre de quelle façon les tout premiers évènements à l’origine de la pathologie surviennent. C’est d’ailleurs l’objet des recherches de l’équipe de Sabrina Boulet et Florence Fauvelle.
Parkinson est l’affection neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer. Elle concerne plus de 200 000 personnes en France, dont près de 2 % ont plus de 65 ans. Un individu sur deux débute la maladie avant l’âge de 58 ans et plus de 25 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.

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