Cent onze jours : selon l’observatoire Jalma de l’accès aux soins 2014, c’est le délai d’attente moyen avant d’obtenir un rendez-vous chez l’ophtalmologiste. Seuls 7 % des usagers auraient un rendez-vous dans les deux semaines, alors que 39 % attendraient plus de six mois. Des chiffres catastrophiques, auxquels la ministre de la Santé compte bien remédier, notamment grâce à deux amendements tout juste introduits dans la loi de santé actuellement examinée au Sénat.
La première de ces mesures, issues d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la restructuration de la filière visuelle, entend développer le travail aidé dans les cabinets d’ophtalmologie. Les ophtalmologistes seront encouragés à déléguer certains de leurs actes aux orthoptistes. Ces derniers pourront par exemple effectuer des bilans de la vue et prescrire du matériel de rééducation. Le travail aidé, déjà expérimenté dans certaines régions, comme les Pays de la Loire, « permet d’augmenter jusqu’à 35 % le nombre de consultations possibles, grâce à une meilleure répartition des tâches », indique le cabinet de Marisol Touraine dans un communiqué.
« Un levier majeur pour faire face aux besoins actuels »
Selon le docteur Thierry Bour, président du Syndicat des ophtalmologistes de France (Snof), qui salue la mesure dans un communiqué, « généraliser la coopération ophtalmos-orthoptistes est un levier majeur pour faire face aux besoins actuels et à venir de la population en soins oculaires ». A condition toutefois que, sur le terrain, les pouvoirs publics fassent le nécessaire pour intégrer les orthoptistes au sein des cabinets de secteur 1, histoire de « garantir un accès pour tous à une offre de soins moderne », ajoute-t-il.
Le second amendement introduit dans le projet de loi de santé assouplit les conditions de renouvellement et d’adaptation des verres et des lentilles par les opticiens, « dans un cadre sécurisé et en accord avec les ophtalmologistes ». Le délai de trois ans durant lequel l’opticien peut renouveler ou adapter la prescription de l’ophtalmo pourrait notamment être allongé. Le Snof demande ici « un encadrement sérieux afin d’éviter tout risque pour les patients », les opticiens n’ayant « pas tous le réflexe d’avertir le médecin en cas d’adaptation d’une ordonnance », précise le docteur Bour.