Le président Emmanuel Macron l’avait promis le 25 mars à Mulhouse et confirmé le 15 mai à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière à Paris : le plan « massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières » du secteur hospitalier devrait bientôt voir le jour. Olivier Véran en a présenté les principales orientations dans les colonnes du Journal du Dimanche le 17 mai, alors que l’impatience des soignants commence à se manifester et que certains menacent de reprendre la contestation. A retenir du programme de cette nouvelle réforme : une hausse de la rémunération pour les personnels et un assouplissement des 35 heures. « Il faut travailler à une augmentation (des salaires) au-delà des primes », a précisé le ministre de la Santé. Pour les infirmières par exemple, il souhaite que « rapidement, nous puissions atteindre un niveau de rémunération correspondant au moins à la moyenne européenne », soit 44 000 euros par an.
L’organisation du travail devrait également être revue. S’il ne s’agit pas de « déréglementer » les 35 heures, Olivier Véran envisage de « créer un cadre beaucoup plus souple ». L’idée : « permettre à ceux qui souhaitent travailler davantage » ou s’organiser « différemment » de pouvoir le faire, « sans pression ».
Heures supplémentaires non rémunérées et non récupérées
Parce qu’elles cumulent les heures supplémentaires non rémunérées et non récupérées, « de nombreuses infirmières sont contraintes de « faire des ménages », c’est-à-dire des heures supplémentaires, illégalement, dans d’autres établissements », a-t-il expliqué. Ancien médecin hospitalier ayant « connu les brancards dans les couloirs », le ministre s’est en outre prononcé pour une sortie « du dogme de la fermeture des lits » dans les établissements.
Pour « aller vite », permettre une présentation de son plan d’ici cet été et « traduire tout ce qui peut l’être dans le prochain budget de la Sécurité sociale », Olivier Véran a en outre annoncé le lancement d’un « Ségur de la santé » avec une « grande réunion multilatérale des partenaires sociaux au ministère » dès le 25 mai.
La CGT santé « dubitative »
De leur côté, les soignants sont restés plutôt méfiants, rapporte L’Union.fr. « Dubitative », Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT Santé, a déploré avoir appris « par voie de presse l’annonce d’une négociation » réclamée « depuis un an ». Inquiète à propos des 35 heures, elle estime qu’il est « incohérent de vouloir faire travailler plus des personnels qui n’ont jamais pu accéder à la réduction du temps de travail faute d’embauche ».
Même son de cloche de la part de Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers, sur Europe 1 : à l’annonce du plan, « on s’est dit : et de trois ! (…) Il y a eu le grand plan Ma santé 2022, le grand plan hôpital de novembre dernier (…) et puis là, il y a le Ségur (…). Les deux précédents plans ne se sont pas traduits en euros, c’étaient des plans d’annonce, donc on espère que le troisième sera plus constructif avec des conséquences sur le terrain. »
Pour le président de l’Association des médecins urgentistes de France, Patrick Pelloux, enfin, « cet entretien au JDD vise à calmer une contestation que le gouvernement sent monter en puissance dans les hôpitaux ». Pour maintenir la pression sur le gouvernement, plusieurs syndicats envisagent une journée de mobilisation pour l’hôpital public au mois de juin.