Avec un taux de décès par suicide de 16,2 pour 100 000 habitants, la France est un des pays européens où ce triste phénomène est le plus répandu, après la Finlande, la Belgique et les pays de l’Est. Chaque année, environ 220 000 personnes tentent d’y mettre fin à leurs jours et près de 10 500, dont plus d’un tiers sont des récidivistes, y parviennent. C’est trois fois plus que le nombre de décès provoqués par les accidents de la route. Pour les associations et les spécialistes de la question qui le réclamaient depuis bien longtemps, la création d’un Observatoire national du suicide, annoncée le 10 septembre par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, constitue donc une avancée considérable. Il y a deux ans déjà, un « Appel des 44 », lancé par Michel Debout, professeur de médecine légale, et Jean-Claude Delgènes, directeur général de Technologia, un cabinet de prévention des risques psychosociaux, réclamait la création d’une instance officielle chargée d’étudier le risque suicidaire en France. En février dernier, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) avait à son tour souligné l’utilité d’une telle structure.
Evaluer les politiques publiques et formuler des recommandations
Le rôle de l’observatoire, qui réunira des associations, des professionnels de santé, des chercheurs, des parlementaires, des représentants des ministères et des caisses d’assurance maladie, sera notamment d’« améliorer la connaissance des mécanismes conduisant au suicide et de mieux coordonner et exploiter les différentes données existantes », précise le ministère. La nouvelle instance aura également pour mission d’évaluer les politiques publiques de lutte contre le suicide, de produire un rapport annuel organisé autour d’un focus thématique et de formuler des recommandations, notamment en matière de prévention. Un domaine dans lequel la France apparaît particulièrement en retard. Selon un sondage du cabinet Technologia, pour 87% des personnes interrogées, les pouvoirs publics n’ont pas pris la mesure de la situation du suicide en France. Il faut savoir que près d’un tiers des personnes qui décèdent par suicide chaque année sont des récidivistes.