La France était déjà l’un des premiers pays au monde à avoir montré une tendance à la stabilisation du surpoids et de l’obésité chez les enfants. Désormais, la situation se stabilise aussi chez les adultes. C’est ce que montre le volet nutrition (chapitre corpulence) de l’étude Esteban* publiée le 13 juin par l’agence Santé publique France. Depuis environ 10 ans, la prévalence de l’obésité stagne en effet autour de 17 % chez les adultes âgés de 18 à 74 ans. La prévalence du surpoids est quant à elle restée quasiment identique, passant de 49,3 % de la population adulte en 2006 à 49 % en 2015. Dans le détail, 54 % des hommes et 44 % des femmes sont actuellement en surpoids. « L’analyse plus précise de la corpulence en fonction du sexe et de l’âge des individus a toutefois montré quelques évolutions significatives : une augmentation de la prévalence de la maigreur chez les hommes et une diminution chez les femmes ; une augmentation du surpoids (obésité incluse) chez les femmes de 40-54 ans et une diminution chez celles de 55-74 ans », précisent les auteurs. L’étude démontre en outre que le surpoids et l’obésité demeurent plus fréquents chez les personnes les moins diplômées.
La maigreur augmente chez les jeunes filles
Du côté des enfants, la stabilisation se confirme : 3,9 % des 6-17 ans étaient obèses et 16,9 % en surpoids en 2015, contre 3,3 et 17,6 % en 2006 (une étude menée en classes de CE1 et CE2 par l’Esen-Santé publique France avait déjà montré une stabilisation de la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les enfants de cette classe d’âge). Le surpoids et l’obésité des enfants, en particulier des garçons, sont par ailleurs plus fréquents dans les familles où le niveau d’étude des parents est le moins élevé.
Parallèlement à cette stabilisation, les chercheurs ont constaté que la prévalence de la maigreur chez les enfants avait significativement augmenté, passant de 8 à 13 % au cours des dix dernières années, cette progression touchant principalement les filles âgées de 11 à 14 ans. Il s’agit cependant d’une maigreur de grade 1, qui n’est pas pathologique et ne relèverait pas, semble-t-il, de l’anorexie.
Des chiffres encore trop élevés
D’une manière générale, les auteurs soulignent que, malgré la tendance à la stabilisation, les chiffres de l’obésité et du surpoids restent élevés tant chez les enfants que chez les adultes. « Un adulte sur deux était encore en surpoids ou obèse en 2015 et un adulte sur six était touché par l’obésité », insiste l’étude. Une situation commune aux hommes et aux femmes qui s’aggrave « avec l’avancée en âge ». Ainsi, les objectifs fixés par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS) 3, et notamment celui de réduire la prévalence du surpoids et de l’obésité, n’ont pas été atteints.
De plus, comme « l’influence du niveau scolaire persiste en matière de corpulence », « ces résultats confirment la nécessité de prendre en compte les inégalités sociales de santé dans la définition de la mise en place des politiques de santé publique », concluent les auteurs.