Selon la dernière enquête « Noyades », menée tous les trois ans par Santé publique France et détaillée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 11 juin 2019, les noyades estivales accidentelles (recensées entre le 1er juin et le 30 septembre) ont augmenté de 30 % depuis 2015, passant de 1 266 à 1 649 en 2018. Une triste hausse que l’on observe surtout chez les moins de 13 ans (338 en 2015 contre 600 en 2018). En revanche, le nombre de noyades accidentelles suivies de décès reste stable et les premiers concernés sont toujours les enfants et les personnes âgées. « En 2018, les enfants de moins de 6 ans ont représenté 28 % des noyades accidentelles et 9 % des décès versus respectivement 22 % et 35 % chez les personnes de 65 ans et plus », précise le Santé publique France. Les noyades se déroulent en outre dans tous les lieux de baignade. Dans le détail, « 44 % ont lieu en mer, 31 % en piscine tous types confondus – 19 % en piscine privée familiale, 22 % en cours d’eau ou plan d’eau et 4 % dans d’autres lieux (baignoires, bassins, etc.) avec une répartition des noyades fatales respectivement de 40 %, 17 %, 40 % et 3 % ».
Les enfants davantage concernés par les noyades en piscine
L’étude précise que les noyades en piscine concernent davantage les jeunes enfants, les noyades en cours d’eau et en plan d’eau davantage les jeunes adultes et les noyades en mer davantage les personnes plus âgées. En ce qui concerne les circonstances de ces accidents, « la plus fréquemment rapportée était un malaise dans 20 % des cas, variant selon l’âge entre 2 % chez les moins de 6 ans à 49 % chez les 65 ans et plus », ajoute le BEH. Une consommation avérée ou suspectée d’alcool a quant à elle été déclarée dans 6 % des cas, le plus souvent par des jeunes adultes.
A noter aussi que par rapport à l’été 2015, le nombre de noyades accidentelles chez les 0-6 ans a augmenté de 96 % de manière globale et de 132 % pour les piscines privées familiales. Dans la majorité des cas (73 %), ces noyades ont eu lieu pendant le temps de baignade, alors que les dispositifs de sécurité étaient désactivés. L’accident est donc ici « imputable à un défaut ou à un manque de surveillance de l’adulte en charge de la supervision », constate les auteurs. La prévention des noyades accidentelles chez les moins de 6 ans « doit (donc) continuer à être une priorité de santé publique et faire l’objet de campagnes spécifiques ».
Poursuivre les efforts de prévention
Pour le BEH, la hausse du nombre de noyades depuis 2015 s’explique notamment par « le contexte de fortes chaleurs durant l’été 2018 », classé deuxième été le plus chaud depuis 1900 par Météo France. Les trois mois d’été ont connu des températures très supérieures à la normale favorisant les baignades, avec des conditions d’ensoleillement optimales et de faibles précipitations.
L’augmentation des accidents indique en outre « la nécessité de poursuivre les efforts dans la prévention des noyades à tous les âges et particulièrement chez les plus jeunes ». Les auteurs soulignent par exemple qu’il est « important d’apprendre à nager aux enfants le plus tôt possible ou du moins de les habituer au milieu aquatique » (aujourd’hui, plus d’un Français sur six déclare ne pas savoir nager). Quel que soit le lieu de baignade, « un enfant doit toujours être surveillé de manière permanente […], le mieux étant de se baigner [avec lui] ». Les adultes doivent quant à eux rester à l’écoute de leur état de santé et ne pas surestimer leur condition physique. Enfin, le mieux est de s’abstenir de boire de d’alcool et de rentrer progressivement dans l’eau en particulier après s’être exposer au soleil. Enfin, « il est également nécessaire de tenir compte de l’environnement de baignade, surtout en cours d’eau, plan d’eau et en mer, de s’informer des conditions météo et […] de respecter les consignes de sécurité, et les interdictions de baignade », conclut le Santé publique France.