« La dégradation des matériaux plastiques et des nombreux emplois de nanomatériaux dans les produits du quotidien entraîne le rejet d’importantes quantités de particules de dimension micro ou nanométriques dans l’environnement », constate l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui tente, en collaboration avec l’Agence nationale de la recherche (ANR), d’en mesurer les conséquences sur la santé et les écosystèmes. Les chercheurs sont confrontés à plusieurs obstacles : tout d’abord la taille infiniment petite de ces particules, qui les rend difficiles à déceler, ensuite la diversité des composants chimiques, enfin leur persistance dans l’environnement ou les organismes pendant des dizaines, voire des centaines d’années.
Des composés problématiques
Les microplastiques mesurent moins de cinq millimètres et peuvent même atteindre une taille 60 à 80 fois plus petite que l’épaisseur d’un cheveu. « Ces particules de plastique peuvent présenter un danger à la fois par le polymère qui constitue le plastique, mais aussi par les additifs qui sont utilisés pour rendre ce plastique brillant, plus souple… », explique Guillaume Duflos, du laboratoire de sécurité des aliments de l’Anses. Peuvent aussi se fixer à la surface de ces particules ou fibres de plastique des contaminants chimiques ou biologiques, qui sont ainsi véhiculés au sein des aliments. Les produits de la mer sont particulièrement concernés par cette contamination au plastique. Selon les résultats d’une étude italienne menée fin 2020, les microplastiques franchiraient facilement la barrière placentaire, contaminant ainsi le fœtus. Cette découverte inquiète les chercheurs quant aux conséquences sur la croissance des enfants. Bien que l’on ignore encore les effets des microplastiques sur la santé, ils sont notamment fortement soupçonnés d’agir comme perturbateurs endocriniens.
Nanomatériaux : beaucoup de zones d’ombre
Quant aux nanomatériaux comme le dioxyde de silice (SiO2) et le dioxyde de titane (TiO2), qui sont les plus connus, ils sont présents dans un grand nombre de produits de la vie courante (aliments, cosmétiques, médicaments…) sans que le consommateur n’en soupçonne l’existence. De nombreuses voix s’élèvent pour alerter sur leur potentielle toxicité, aussi bien pour la santé humaine que pour l’environnement. Si les nanomatériaux, dix mille fois plus petits qu’un cheveu humain, se trouvent déjà à l’état naturel ou sont produits par des activités humaines (fumées d’incendies, de bougie, émissions des moteurs à combustion…), ils sont également de plus en plus utilisés par les fabricants en raison de propriétés spécifiques conférées par leur petite taille. Des nanomatériaux sont par exemple ajoutés en tant qu’additifs alimentaires pour améliorer l’aspect ou la texture d’un produit. « Les zones d’ombre sont encore nombreuses sur les expositions des populations aux nanomatériaux et leurs impacts potentiels sur la santé et l’environnement, souligne Aurélie Niaudet, chargée de l’évaluation des risques liés aux agents physiques à l’Anses. Au-delà du renforcement de l’encadrement réglementaire, il s’agit, par précaution, de limiter les expositions des populations et de l’environnement en privilégiant les produits sûrs et équivalents en matière d’efficacité et dépourvus de nanomatériaux. De plus, face aux inconnues qui demeurent sur les nanomatériaux, certains usages paraissent artificiels, et l’Agence réitère sa recommandation de restreindre le recours aux produits contenant des nanomatériaux dont l’utilité pour la population est faible. »
#VendrediLecture
La très petite taille des nanomatériaux leur confère des propriétés inédites très recherchées, mais qui peuvent aussi interférer avec les humains ou l’environnement.Aurélie Niaudet revient sur les différents travaux que nous menons.
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— Anses (@Anses_fr) May 21, 2021