Dix ans après la mise en œuvre de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, le bilan est maigre. Bien que la cigarette ait été bannie des entreprises, des cafés, des restaurants ou encore des cours de récréation des collèges et des lycées, les fumeurs représentent toujours 32 % de la population. Le nombre de décès liés au tabac reste lui aussi élevé, avec près de 70 000 morts par an. L’interdiction est pourtant globalement bien respectée. Et si 67 % des Français jugent que cette mesure est « bonne et suffisante », selon un sondage réalisé par l’institut CSA pour Direct Matin, un quart des personnes interrogées trouvent qu’elle ne va pas assez loin.
Le tabagisme passif en baisse
Seule éclaircie dans le nuage de fumée, l’interdiction a eu pour effet de modifier l’image de la cigarette et de limiter le tabagisme passif. Terminés les boîtes de nuit et les bars enfumés, la pratique est bien entrée dans les mœurs. Le nombre de personnes qui fument à leur domicile a par ailleurs diminué, passant de 33 à 28 % en dix ans. Autres tendances encourageantes : la consommation des fumeurs est en diminution, les substituts au tabac sont de plus en plus demandés et le tabagisme commence à baisser chez les jeunes.
Un arsenal de lutte
L’interdiction de fumer dans les lieux publics n’a pas été la seule mesure prise pour lutter contre le tabac. Elle a même été suivie de nombreuses autres. Ainsi, depuis mai 2010, il est défendu de vendre tout produit du tabac aux mineurs. Les images chocs sur les paquets de cigarettes ont été imposées par un arrêté du ministère de la Santé dès avril 2010. Les terrasses de café entièrement closes sont devenues des zones non-fumeurs en juin 2013, tout comme, en septembre 2014, les aires de jeux et les voitures transportant des enfants de moins de 12 ans. Plus récemment, en novembre 2016, le montant du forfait annuel de remboursement des substituts nicotiniques est passé de 50 à 150 euros. Le paquet neutre, sans logo ni couleur spécifique, est quant à lui devenu obligatoire le 1er janvier dernier.
La fin du marketing « chic et glamour »
La dernière annonce en date a eu lieu le 31 janvier, autour des cigarettes jugées « trop attractives », que Marisol Touraine, la ministre de la Santé, souhaite interdire. Sont concernées les marques Vogue, Fine ou Allure, ainsi que les cigares et cigarillos Café crème ou Paradiso. Les industriels devront renommer leurs produits pour continuer à les vendre. La ministre a profité de cette annonce pour informer les fumeurs de la hausse à venir des prix du tabac à rouler (autour de 1,50 euro) et a rappelé que les cigarettes au menthol seront interdites à partir de 2020. Quant au tarif du paquet de cigarettes, il a doublé en dix ans, passant de 3,70 à 7 euros. Marisol Touraine s’est déclarée favorable à ce qu’il franchisse la barre symbolique des 10 euros, sans toutefois préciser de date de mise en œuvre.