Médicaments : l’inefficacité des pictogrammes

, par  Vincent Portois

Selon une étude de l’Inserm, les pictogrammes de prévention sur les boîtes de médicaments n’ont en rien endigué le nombre d’accidents sur les routes de France et n’ont donc pas contribué à changer les comportements.

Prendre des médicaments peut provoquer des effets secondaires. La somnolence est l’un des plus dangereux d’entre eux, notamment pour les personnes qui conduisent. A la fin des années 90, l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM, anciennement Afssaps) avait pris le sujet à bras-le-corps en demandant à l’industrie pharmaceutique d’apposer un pictogramme en forme de triangle sur les boîtes de médicaments afin d’informer des risques potentiels liés à la prise de certains produits non compatibles avec la conduite d’un véhicule. En 2007, fini le simple triangle sans aucun texte. Trois niveaux de risque identifiés par des couleurs et accompagnés d’une phrase explicative voyaient le jour : le niveau 1, en jaune, indique de « ne pas conduire sans avoir lu la notice » ; le niveau 2, en orange, préconise de « ne pas conduire sans l’avis d’un professionnel de santé », tandis que le niveau 3 représente un triangle rouge interdisant la conduite. Hélas, à en croire l’étude sur leur impact réalisée par l’équipe d’universitaires, bordelais et lyonnais, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il s’avère que ces pictogrammes n’ont aucun effet.

Des avertissements… sans effet !

Publiée dans la revue British Journal of Clinical Pharmacology, cette étude a fait réagir le délégué interministériel chargé de la Sécurité routière, Emmanuel Barbe. Ce dernier souhaite conserver le système des pictogrammes, dont la pertinence n’est pas remise en cause, mais en l’accompagnant d’une campagne de sensibilisation auprès des médecins et des pharmaciens. L’ANSM a confirmé à Pourquoi docteur, « qu’une réflexion est actuellement engagée pour améliorer non pas la forme ou l’aspect de ces pictogrammes, mais la communication et l’information autour d’eux ». Pour mener à bien son étude, l’équipe de l’Inserm s’est particulièrement intéressée aux médicaments de la famille des benzodiazépines (contre l’anxiété, l’insomnie…) qui « sont associés à 70 % des accidents ». 150 000 conducteurs impliqués dans des accidents de la route entre 2005 et 2011 ont été identifiés. Cette période, qui commence avant l’instauration des nouveaux pictogrammes et s’achève quatre ans après leur mise en place, a permis d’estimer leur influence sur l’évolution du nombre d’accidents. Conclusion des chercheurs : « Nous n’avons pas vu de baisse durable du risque d’accident lié aux médicaments. » Ces résultats confirment une autre étude de l’Inserm qui révèle que « la prise de médicaments à risque serait responsable de 3 à 4 % de l’ensemble des accidents de la circulation en France ». Se soigner ou conduire, il faut parfois choisir…

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