Dans son bilan économique annuel, publié fin août, la Fédération française des industriels du médicament, le Leem, s’inquiétait de voir les ventes de médicaments stagner en France, contrairement à ce que l’on observe dans les autres pays européens. Par la voix de son président, Patrick Errard, le Leem demandait à « refonder une vraie politique d’attractivité pour les investissements en santé ». La campagne d’information lancée ce mardi 28 septembre par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, pourrait en partie répondre à la fédération. Sous le slogan « Devenir générique, ça se mérite », les médicaments génériques – qui, rappelons-le, sont des copies, équivalentes mais moins chères, de médicaments de marque dont le brevet est tombé dans le domaine public – sont mis en avant afin d’en « développer l’usage et [d’en] améliorer l’image ». Car si dans des pays voisins, comme l’Allemagne, ces médicaments constituent 50 % des prescriptions, en France on reste bloqué à 44 %.
Méfiance et manque d’information
Peut-on parler d’une certaine méconnaissance de ces produits ? Le ministère de la Santé répond que « l’information des professionnels de santé et des patients sur ces médicaments peut encore progresser : seuls 47 % des patients, 64 % des médecins généralistes et 86 % des pharmaciens savent par exemple qu’il existe des médicaments génériques qui soignent le cancer ». Par ailleurs, dans un baromètre publié en février 2016* par l’Institut BVA et commandé par la Caisse nationale de l’Assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts), les médecins déclarent s’en servir pour eux-mêmes, tout en ne leur attribuant qu’une note moyenne de 6,6/10. Quant au grand public, il les note 6,8/10, révélant ainsi une certaine méfiance, bien que huit Français sur dix utilisent les génériques et que 93 % d’entre eux en soient satisfaits. Au regard de ces résultats, Marisol Touraine pense qu’« il faut aller plus loin et lever les derniers freins à l’usage de ces médicaments ».
Une campagne sur trois ans
En mars 2015, la ministre de la Santé avait lancé le Plan national d’action de promotion des médicaments génériques, et la campagne actuelle, qui va se dérouler sur trois ans, en constitue l’un des volets. Avec le concours de la Cnamts et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), les idées reçues vont être combattues afin que les génériques deviennent un réflexe pour les médecins, les pharmaciens et les patients, et que tous voient dans ces médicaments « un concentré d’expérience et d’expertise, efficace et sûr, économique et citoyen ». Pour y parvenir, le ministère prévoit des spots TV et radio, la diffusion de vidéos pédagogiques via une campagne digitale, un espace d’information et d’échanges avec des questions-réponses ou encore des mémos pratiques « élaborés à partir de tables rondes réunissant des professionnels de santé et des patients, organisées en région en partenariat avec le Collège de la médecine générale (CMG) ». L’objectif est d’atteindre un taux de prescription de 50 % en 2017 et de réaliser ainsi au moins 300 millions d’euros d’économies lors des trois prochaines années.