Les médicaments à base d’argile extraite du sol, comme Smecta et son générique Diosmectite, sont délivrés sur ordonnance dans les traitements de courte durée contre la diarrhée aiguë. Ils étaient déjà interdits aux femmes enceintes ou allaitantes, et le sont désormais aux nourrissons. La raison ? « les argiles obtenues par extraction du sol, peuvent contenir de faibles quantités de métaux lourds présents naturellement dans l’environnement, comme le plomb », explique le communiqué de l’ASNM sortie le 28 février. La nocivité du plomb inquiète depuis longtemps, c’était déjà le cas avec le saturnisme - intoxication au plomb -, classé en maladie professionnelle depuis plus d’un siècle. Elle est aujourd’hui de nouveau mise en lumière avec les nombreux débats sur les perturbateurs endocriniens et sur la responsabilité sociale et environnementale (RSE). Cette substance est toxique pour l’organisme si elle est ingérée en trop grande quantité. Chez l’enfant, le plomb peut avoir des effets graves et irréversibles, dont le retard mental par exemple. Un danger que l’on retrouve dans les médicaments donc, mais aussi dans certaines peintures décoratives ou encore dans le Khôl traditionnel, une poudre de maquillage très utilisée dans les pays orientaux.
Nouvelles recommandations
Même si certaines modifications ont été apportées sur ces produits, l’ASNM, elle, n’a pris que récemment une décision concernant les médicaments à base d’argile. Il a fallu attendre les nouvelles recommandations internationales sur les seuils des métaux lourds. Les laboratoires en charge de la commercialisation des médicaments en contenant ont ainsi été obligés par l’ASNM de « s’assurer de l’absence de risque de passage de plomb dans le sang chez les patients traités, et plus particulièrement chez les enfants. En réponse, les laboratoires Ipsen ont fourni une étude clinique, dont les résultats indiquent qu’il n’existe pas de risque de passage de plomb dans le sang chez les adultes traités par Smecta pendant cinq semaines. Ce risque ne peut être exclu chez les enfants de moins de 2 ans ». Les modifications de la notice des médicaments sont en cours et tous les professionnels de santé vont être prévenus par courrier.
Des alternatives aux mesures hygiéno-diététiques
En cas de symptômes de coliques ou de diarrhées aiguës persistantes chez le nourrisson, l’ANSM propose le traitement de référence qui consiste à administrer du soluté de réhydratation oral (SRO), vendu sans ordonnance et présenté en sachet de poudres à mélanger dans un biberon d’eau, permettant ainsi d’éviter le principal danger de la forte déshydratation causée par la maladie.