Chez le médecin généraliste, un événement indésirable associé aux soins (EIAS) a lieu tous les deux jours. C’est l’inquiétante conclusion de la première étude française menée sur la fréquence des erreurs commises en médecine de ville, publiée le 9 septembre par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut national de veille sanitaire (INVS). Par « événement indésirable », il faut entendre tout « événement ou circonstance associé aux soins qui aurait pu entraîner ou a entraîné une atteinte pour le patient et dont on souhaite qu’il ne se reproduise pas à nouveau », précisent les auteurs. En d’autres termes : les mauvais diagnostics, le non-respect du secret professionnel, un défaut de communication avec un spécialiste ou encore une ordonnance mal appropriée. Au total, parmi les 13 438 actes observés en une semaine auprès des 133 médecins recrutés pour l’étude, ont été répertoriés 475 événements indésirables associés aux soins, dont 74 étaient liés à des effets secondaires dus à des médicaments. Par ailleurs, 344 EIAS ont été considérés comme « évitables ». L’étude précise que la majorité de ces incidents ont eu lieu au cabinet (59 %) et au domicile des patients (26 %).
Aucune conséquence clinique dans la majorité des cas
Si les erreurs sont plutôt fréquentes, elles sont généralement sans gravité : « Pour 77 % des patients, l’EIAS n’a eu aucune conséquence clinique, mais dans 21 % des cas, il a entraîné une incapacité temporaire, précise l’étude. Il pouvait s’agir par exemple d’une infection urinaire liée à un retard de traitement. » Les cas plus graves demeurent rares : ils ne représentent que 0,06 % des EIAS recensés, parmi lesquels un décès et quatre menaces vitales. L’étude nous apprend aussi que ces événements indésirables proviennent dans 42 % des cas d’un « défaut d’organisation du cabinet » : ils peuvent être liés par exemple à un problème de gestion de l’agenda, à un problème d’identification du patient ou à une erreur dans le dossier médical. Sur le site du Figaro, Luc Duquesnel, président du syndicat de généralistes Unof-CSMF, rappelle qu’un tiers des médecins ne disposent pas de secrétariat. Conséquence : ils sont amenés à répondre au téléphone et à fixer des rendez-vous alors qu’ils sont en pleine consultation, ce qui accroît les risques d’erreurs. Quant aux « compétences » et aux « connaissances » des médecins, elles ne sont elles mises en cause que dans 20 % des EIAS.