« A peu près 10 % de la population infantile a eu, a ou aura un jour mal à la tête », souligne le docteur Jacques Langue, neuropédiatre dans un centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) à Lyon. Si votre enfant est concerné, inutile de paniquer : « La plupart du temps, les céphalées ne sont pas inquiétantes, même si elles peuvent être gênantes, voire très douloureuses, explique le docteur Langue. Elles sont souvent fonctionnelles, en rapport avec des migraines, lesquelles sont liées à une vasodilatation des vaisseaux cérébraux. Il y a aussi les céphalées non migraineuses dites de tension, qui sont beaucoup plus supportables et isolées. » Même s’ils reviennent fréquemment, ces maux de tête peuvent être rapidement soulagés, à condition qu’ils soient bien diagnostiqués par le médecin traitant ou le pédiatre. « Lors de la consultation, l’interrogatoire doit être minutieux et très précis. On conseille aux parents de venir avec un petit agenda sur lequel ils auront noté la fréquence, la durée, l’intensité et la localisation des céphalées. Par exemple, un mal intense, frontal, pulsatile, accompagné de douleurs abdominales et de nausées est très caractéristique de la migraine, qui est une véritable maladie chronique héritée de la famille. En revanche, une douleur moins violente et étendue en casque sur le dessus de la tête fera plutôt penser à une céphalée de tension. »
Facteurs déclenchants
Le médecin interrogera aussi l’enfant sur les facteurs déclenchant ses maux de tête : une journée de travail particulièrement intense à l’école, des variations brutales de température, un effort physique, une contrariété, une angoisse…, autant d’éléments qui peuvent expliquer l’apparition d’une migraine ou d’une céphalée de tension. Il peut aussi s’agir tout simplement d’un mal de tête provoqué par un épisode infectieux, comme une sinusite ou une otite. Pour parfaire le diagnostic, l’interrogatoire sera complété par un examen orthopédique, dentaire ou ophtalmologique. « Parfois, une IRM cérébrale ou un scanner se révèlent nécessaires pour écarter toute suspicion de tumeur ou de malformation, ajoute le docteur Langue. On se méfie par exemple beaucoup des maux de tête chez les moins de 6 ans, des céphalées qui réveillent l’enfant la nuit ou de celles qui sont localisées à l’arrière de la tête. » De même, des douleurs accompagnées de troubles neurologiques importants, de troubles de la conscience, d’une fièvre intense et mal supportée ainsi que d’une raideur de la nuque doivent faire penser à la méningite. Il faut alors conduire de toute urgence l’enfant à l’hôpital.
Ibuprofène et paracétamol
Heureusement, ces derniers cas sont rarissimes. Le plus souvent, une fois le diagnostic posé, le médecin met en place un traitement simplement destiné à soulager la douleur. En cas de migraine, une dose d’ibuprofène (10 milligrammes par kilo, en respectant une posologie maximale de 400 milligrammes), éventuellement couplée à du paracétamol, suffit en général à calmer les crises. « Pour les céphalées de tension, en revanche, on essaie de traiter le moins possible, parce que tout traitement pris en automédication de façon trop fréquente peut déboucher sur des céphalées chroniques quotidiennes. Mais évidemment, si l’enfant est gêné et qu’il souffre, on lui donnera du paracétamol ».
Enfin, qu’il s’agisse de migraines ou de céphalées de tension, les méthodes alternatives de type relaxation ou hypnose ont fait la preuve de leur efficacité comme traitement de fond. Elles peuvent donc être envisagées pour les enfants à partir de l’âge de 6 ans et « doivent être préférées aux traitements médicamenteux de fond, qui n’ont pas d’effets bénéfiques reconnus par l’Agence française du médicament », précise le docteur Langue.