Trop souvent tabou et encore mal connu, le cancer colorectal tue chaque année près de 18 000 malades, tandis qu’environ 42 000 nouveaux cas sont diagnostiqués. C’est la deuxième cause de mortalité par cancer, après le cancer du poumon. Pourtant, décelé suffisamment tôt, ce cancer lié à l’âge se guérit dans près de neuf cas sur dix. Pour encourager toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans à se faire dépister, le ministère de la Santé et l’Institut national du cancer (Inca), en partenariat avec la Mutualité française, ont lancé l’édition 2014 de la traditionnelle campagne de promotion du dépistage organisé Mars bleu. A cette occasion, un petit film pédagogique a été diffusé sur Facebook et Youtube et des cartes postales ainsi que des affichettes ont été éditées. Parallèlement, de nombreuses actions de proximité sont mises en place par l’Assurance maladie, les associations ou les collectivités territoriales. « L’objectif, cette année, est d’inciter les femmes et les hommes à participer dès 50 ans au programme de dépistage organisé, mais aussi les personnes présentant un risque particulier à parler du dépistage avec leur médecin », expliquent le ministère de la Santé et l’Inca dans un communiqué commun.
Risques particuliers
Le risque de développer un cancer colorectal n’est en effet pas le même pour tous. Pour cette raison, « il est important de faire connaître les informations clés à son médecin afin qu’il puisse identifier le niveau de risque de son patient et l’orienter vers la meilleure stratégie de dépistage ou de surveillance », précise l’Inca. Parmi les éléments à signaler, on peut par exemple citer les antécédents familiaux de cancer colorectal, la présence d’une maladie inflammatoire chronique (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique), l’existence au sein de la famille d’une maladie génétique (syndrome de Lynch), la présence de sang dans les selles, des douleurs abdominales, des troubles du transit persistants ou encore un amaigrissement inexpliqué. « Parler du dépistage de ce cancer avec son médecin traitant, c’est se donner toutes les chances de détecter un cancer à un stade très précoce et d’augmenter ainsi ses chances de guérison », indique l’institut. De son côté, la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) rappelle que le dépistage organisé permet « d’obtenir une diminution de la mortalité par cancer colorectal d’environ un tiers chez les participants ».
Faible participation
Dans la plupart des cas, le cancer colorectal est dû à une lésion précancéreuse, le polype adénomateux, généralement asymptomatique et détecté par la présence de sang, inapparent à l’œil nu, dans les selles. C’est la base du programme actuel de dépistage organisé proposé tous les deux ans aux personnes concernées. Celles-ci reçoivent un courrier les invitant à se rendre chez leur médecin pour retirer le test de dépistage (Hemoccult). Elles doivent ensuite effectuer elles-mêmes les prélèvements de selles, puis renvoyer le test au centre de lecture dont elles dépendent. Si la présence de sang est détectée, une coloscopie sera réalisée pour confirmer ou infirmer les suspicions. Malheureusement, chez 30 % des nouveaux malades, le cancer est déjà bien avancé et nécessite des traitements lourds et couteux.
Selon l’Inca, la participation au dépistage demeure encore trop faible : seules 31 % des personnes concernées ont réalisé le test en 2012-2013. D’après les spécialistes, ce défaut de participation s’expliquerait notamment par les contraintes du test Hemoccult. Son remplacement programmé pour la fin de l’année par un autre, plus facile d’utilisation, permettra peut-être de changer la donne (lire l’encadré ci-dessous).