Paludisme, dengue, schistosomiase, maladie de Lyme, leishmaniose, fièvre jaune… : les maladies vectorielles, ces pathologies véhiculées et transmises à l’homme par les moustiques, les mouches, les tiques ou les gastéropodes, font des dégâts considérables à travers le monde et provoquent la mort d’un million de personnes par an. Rien que sur le continent africain, un enfant meurt toutes les minutes du paludisme et 40 % de la population mondiale est actuellement exposée au risque de transmission de la dengue.
Si toutes ces maladies touchent essentiellement les populations les plus démunies d’Afrique, d’Asie et d’Amérique centrale ne bénéficiant pas d’eau potable et de système d’assainissement, les vecteurs s’installent désormais dans de nouvelles régions du monde, en particulier en Occident. C’est notamment le cas du moustique de type Aedes, vecteur de la dengue et du chikungunya, que l’on trouve aujourd’hui dans le sud de la France. « Il est probable que les maladies à transmission vectorielle se propagent et s’intensifient dans les années à venir et un signal clair a été donné à la région européenne à ce sujet, précise Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Europe. Cette situation est rendue possible par la mondialisation des voyages et du commerce, ainsi que par le développement de l’urbanisation et l’évolution des conditions météorologiques. »
Flambées épidémiques
Chaque année, 77 000 voyageurs européens contractent des maladies à transmission vectorielle et les transportent dans leur pays. Ils peuvent alors être piqués par des moustiques, qui seront ainsi contaminés et contamineront à leur tour d’autres êtres humains. C’est ce qui se serait passé en Italie en 2007, lors de la première flambée épidémique européenne de chikungunya (200 cas comptabilisés), mais aussi en France et en Croatie en 2010, où deux transmissions locales de la dengue ont été signalées. Deux ans plus tard, une épidémie de cette maladie sévissait à Madère, au Portugal, avec plus de 2 000 cas confirmés.
Pour ces deux pathologies virales aux symptômes de type grippal, il n’existe pas de traitement spécifique. La prise en charge consiste essentiellement à traiter ces derniers et à veiller au maintien des volumes liquidiens du malade. Quant au paludisme (5 000 cas importés en Europe en 2013), dont la journée mondiale vient d’avoir lieu, il se transmet par un parasite transporté par les moustiques et se traite par une association médicamenteuse contenant de l’artémisinine.
Mesures simples et économiques
Selon l’OMS, l’application de simples mesures de bon sens permettrait de limiter l’ampleur de ces maladies : « On pourrait sauver nombre de vies et éviter bien des souffrances si l’on accordait une plus grande importance à la lutte anti-vectorielle dans l’action sanitaire mondiale, explique Margaret Chan, directeur général de l’OMS. Des interventions simples et économiques comme les moustiquaires imprégnées d’insecticide ou la pulvérisation d’insecticide à l’intérieur des habitations ont déjà permis de sauver des millions de vie. » A la tombée de la nuit, il est recommandé d’appliquer un produit répulsif sur la peau, de porter des chemises à manches longues et des pantalons de couleur claire. Dans l’idéal, les fenêtres doivent être équipées de moustiquaire. Il faut également veiller à éliminer l’eau stagnante là où les moustiques se reproduisent : vieux récipients, pots de fleurs, pneus usagés…
Enfin, les voyageurs qui se rendent dans les zones de paludisme (renseignez-vous sur Diplomatie.gouv.fr et Pasteur.fr) doivent suivre un traitement préventif. Pour les zones à risque de fièvre jaune, le vaccin est très fortement recommandé.