Parmi les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle (HTA) est la plus fréquente. Elle touche près d’un Français sur trois d’après les données de l’étude nationale Esteban menée par Santé publique France entre 2014 et 2016. Face à ce constat et à l’occasion des 38e Journées de l’hypertension artérielle des 13 et 14 décembre, la SF HTA et la FFC préconisent des modifications dans sa prise en charge, et notamment en ce qui concerne les femmes. Ces dernières sont en effet particulièrement concernées par cette pathologie chronique et sont moins souvent dépistées que les hommes. Un état de fait qui avait conduit les auteurs de l’étude Esteban à indiquer que « chez les femmes, la prise en charge thérapeutique s’est même dégradée depuis une dizaine d’années ».
L’importance de l’hygiène de vie
L’HTA correspond à une pression sanguine trop élevée. « Elle est dangereuse car elle fatigue le cœur, crée des lésions graves au niveau des artères et provoque ainsi des accidents aigus cardio-cérébro-vasculaires », constate la Fédération de cardiologie. Afin d’éviter ces complications, la SF HTA et la FFC recommandent d’améliorer le dépistage chez les femmes : il « doit être systématique aux trois périodes clés de leur vie hormonale que sont les périodes d’utilisation des traitements hormonaux et en particulier la contraception, la grossesse et la ménopause ». Les fluctuations hormonales sont en effet liées au risque de développer une HTA. En complément, les spécialistes plaident pour que les femmes adoptent « une hygiène de vie optimale, préventive dès le plus jeune âge, pour combattre les autres facteurs de risque fréquemment associés, principalement le tabac, la sédentarité et le surpoids ». Ainsi, « il est recommandé de proposer un sevrage tabagique qui doit être suivi et aidé, une alimentation pauvre en sel, riche en fibres, légumes et acides gras polyinsaturés, de limiter la consommation d’alcool et de pratiquer régulièrement une activité physique et de maintenir ou atteindre un index de masse corporelle inférieur à 25 kg/m2 », ajoutent-ils.
Des différences hommes-femmes
Même si les comportements féminins ont évolué ces dernières dizaines d’années pour se rapprocher de ceux, plus à risque, des hommes, des différences subsistent. Par exemple, l’HTA est plus fréquente chez les femmes entre 18 et 34 ans que chez les hommes du même âge. Concernant les maladies cardiovasculaires en général, la population féminine peut aussi ressentir des signes d’alerte particuliers. C’est le cas notamment lors d’un infarctus du myocarde dont la manifestation peut se limiter à des troubles digestifs, à un malaise, à une fatigabilité, à des douleurs au niveau du dos ou au niveau de l’estomac alors qu’elle est plus souvent décrite, chez les hommes, comme une douleur qui monte au niveau des mâchoires et qui irradie au niveau du bras gauche. Tous ces facteurs peuvent être à l’origine d’un retard de diagnostic et donc d’un pronostic plus réservé. Le professeur Claire Mounier-Véhier, présidente de la FFC, appelle donc à la vigilance et rappelle qu’il « existe des signes non spécifiques qui doivent nous alerter, comme les maux de tête, des difficultés de concentration, des vertiges, une fatigue chronique, des troubles visuels ou des bourdonnements d’oreille ou encore des douleurs dans la poitrine voire un essoufflement à l’effort ».