L’exposition prolongée aux pesticides peut être une des causes de la maladie de Parkinson (MP), une affection neurologique qui touche plus de 200 000 personnes en France. Les agriculteurs qui en utilisent beaucoup sont particulièrement à risque, mais une étude épidémiologique menée auprès de l’ensemble de la population française métropolitaine, publiée mardi 10 avril dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), suggère qu’ils ne seraient pas les seules victimes. Selon les chercheurs, l’incidence (le nombre de nouveaux cas par an) de la maladie est plus élevée chez les personnes habitant près des domaines agricoles.
Une incidence en hausse chez les agriculteurs
Le lien entre l’usage intensif de pesticides et l’apparition de la maladie de Parkinson avait certes déjà été mis en évidence. Depuis 2012, cette pathologie neurologique invalidante est en effet reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs ayant utilisé pendant plusieurs années des produits phytosanitaires (fongicides, insecticides et herbicides). Les résultats du rapport montrent cependant que ce facteur de risque est sous-estimé. Jusqu’à présent, « aucune étude [n’avait] évalué l’excès de risque de MP parmi la population agricole française », soulignent les auteurs, qui précisent que l’incidence de la maladie est plus élevée de 10 % chez les agriculteurs, et tout particulièrement chez les viticulteurs, qui sont les plus gros consommateurs de ces produits neurotoxiques.
L’environnement en question
Si l’étude confirme le rôle des pesticides dans l’apparition de la MP chez certains agriculteurs, elle vient aussi apporter un éclairage nouveau en s’intéressant à l’exposition de tous les Français à ces substances chimiques. En comparant l’incidence du parkinson chez les agriculteurs avec celle de l’ensemble de la population métropolitaine, l’étude « soulève la question du rôle de l’exposition non professionnelle aux pesticides (par exemple liée à une exposition environnementale ou à des usages domestiques de pesticides) en population générale ». Les chercheurs ont constaté que le nombre de personnes touchées par la MP était plus important dans les régions agricoles, et notamment viticoles, « y compris après exclusion des agriculteurs de cette analyse », expliquent-ils. Ils en concluent que « le nombre de cas de MP attribuable aux pesticides pourrait être plus élevé que si seule l’exposition professionnelle était impliquée », et demandent une « surveillance de la MP chez les agriculteurs et la poursuite d’études sur le rôle de l’exposition non professionnelle aux pesticides en population générale ».
Dans l’attente d’une confirmation de ces observations, réduire l’exposition aux pesticides des agriculteurs et des riverains des cultures, notamment viticoles, semble une mesure de précaution nécessaire. Parkinson est l’affection neurodégénérative la plus fréquente après l’alzheimer. C’est aussi « celle dont le nombre de cas a le plus augmenté entre 1990 et 2015 : il a plus que doublé », affirment les chercheurs.