De même que, comme le notait Simone de Beauvoir, « On ne naît pas femme, on le devient », Stéphane Riethauser est convaincu qu’il « en va de même pour la gent masculine : je ne suis pas né homme, je le suis devenu. »
Son film, un documentaire parfois émouvant, parfois ébouriffant, est un hommage à Caroline, la grand-mère du réalisateur et narrateur. Une femme forte, intelligente, curieuse et surtout bien décidée à se faire sa place dans un monde dominé par les hommes. Chef (cheffe ?) d’entreprise, mère, grand-mère, elle a toute sa vie entendu faire ce qu’elle avait envie de faire. Y compris de la peinture aux alentours de ses 80 ans... En faisant - à petites touches - le portrait de cette femme qui a tant compté pour lui, le cinéaste dessine également le sien. Celui d’un garçon qui, dès l’enfance, a toujours été heureux. Il en rend grâce à ses parents, et à sa grand-mère qui lui ont insufflé la confiance en lui-même.
A l’aide de matériaux très divers, qui vont de la photographie, des dessins, d’images numériques à de vieux films super 8 (où l’on voit son père se livrant à différentes facéties) ou à son journal intime dont il filme les lignes, il suit une ambition très nette. Raconter deux êtres aspirant à l’amour et à la liberté, mais qui, pour y parvenir, sont contraints de se battre, y compris contre « le système. »
Le petit garçon et et celle que sa gouvernante appelait Madame, et qui pour lui est « ma dame. »