C’est une grande première, à partir du mois de mai, les résidents de Haute-Garonne, du Morbihan, des Bouches-du-Rhône et des Landes pourront être pris en charge à 100 % pour les consultations chez le psychologue. Décidé par les Caisses primaires de ces quatre départements, ce dispositif-test concerne tous les patients âgés de 18 à 60 ans et devrait se prolonger jusqu’en 2020. L’objectif : faire baisser la consommation d’antidépresseurs, d’anxiolytiques ou de somnifères encore trop souvent prescrits pour les dépressions légères. Cette expérimentation inédite fait écho aux recommandations récentes de la Haute Autorité de santé (HAS), qui préconise les psychothérapies de soutien comme traitement de première intention pour les dépressions d’intensité faible à modérée et non pas la prescription de médicaments. Jusqu’à présent, seules les consultations auprès du psychiatre ou celles assurées dans les centres médicaux psychologiques étaient remboursées. Si le test conduit à une baisse de la consommation d’antidépresseurs, le dispositif pourrait bien être étendu à l’ensemble du territoire.
Prescription du médecin traitant
Pour une prise en charge psychologique à 100 % sans avance de frais, le patient devra d’abord se rendre chez son médecin traitant, qui lui délivrera une ordonnance pour une séance d’évaluation de quarante-cinq minutes chez un des psychologues participant au dispositif. Le bilan sera ensuite transmis au médecin traitant. Il prescrira, si nécessaire, dix séances de psychothérapie de trente minutes. En cas de persistance des troubles, dix consultations supplémentaires, cette fois de quarante-cinq minutes, s’ajouteront au traitement, directement réglé au professionnel par le Caisse primaire d’assurance maladie. Enfin, si la pathologie se révèle plus lourde, le patient pourra être orienté vers un médecin psychiatre.
Réclamé de très longue date, le principe de prise en charge des psychothérapies a été salué par de nombreux professionnels de santé.
Des tarifs jugés trop faibles
Certains psychologues dénoncent toutefois la faiblesse des tarifs fixés dans le cadre du dispositif-test : seulement 22 euros pour les dix premières séances, puis 32 euros pour les dix suivantes. En libéral, les séances de psychothérapies sont généralement facturées autour de 50 euros. Une somme qui permet notamment au praticien de régler le loyer de son cabinet, dont le montant peut être particulièrement élevé, surtout dans les grandes villes. Pour obtenir de nouveaux tarifs dans le cadre des expérimentations, le syndicat national des psychologues a lancé une pétition en ligne. Plus de 7 300 signatures – transmises à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn – ont été récoltées. Parmi ses doléances, le syndicat réclame aussi la possibilité de consulter les psychologues en libre accès, sans passer par le médecin traitant. Selon lui, la prescription médicale est inutile « puisque la compétence diagnostic est inscrite dans la profession même et fait partie de l’exercice de la praxis psychologique ».