Pour les professionnels de santé de la revue Prescrire, les choses sont simples : « Les médicaments à base d’argile (tels que Smecta, le Diosmectite Mylan, l’Actapulgite, ndlr), en plus de leur intérêt limité, sont contaminés par du plomb ». Alors, « autant s’en passer », expliquent-ils dans un article récent. Ces médicaments, disponibles sur ordonnance ou en automédication, sont fréquemment utilisés pour soulager les troubles digestifs comme les diarrhées, les brûlures d’estomac ou les reflux gastriques. Les argiles qu’ils contiennent, obtenues par extraction du sol, peuvent effectivement contenir de faibles quantités de métaux lourds (dont le plomb) présents naturellement dans l’environnement. Les experts de Prescrire rejoignent donc la position de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui, en février dernier, avait demandé « de ne plus utiliser ces médicaments chez l’enfant de moins de deux ans en raison de la possible présence d’infime quantité de plomb, même si le traitement est de courte durée. »
Modifications d’autorisations
De récentes analyses avaient conclu que la présence de plomb dans ces argiles exposait les enfants âgés de moins de deux ans traités pendant sept jours à une plombémie (taux de plomb dans le sang) de plus de 50 microgrammes par litres de sang. Or ce seuil est justement celui retenu pour définir le saturnisme, une intoxication au plomb susceptible de provoquer des dommages irréversibles (retard mental et/ou psychomoteur) chez l’enfant. Par précaution, ces analyses avaient conduit à une modification concernant l’usage de ces produits, jusque-là prescrits à la fois aux adultes et aux enfants. Pour rappel, désormais, le Smecta et le Diosmectite Mylan ne sont plus autorisés chez les enfants âgés de moins de deux ans. L’Actapulgite et le Bedelix ne peuvent, eux, plus être prescrits aux enfants. Quant aux autres spécialités à base d’argile, elles restent, comme auparavant, réservées aux adultes ou aux enfants âgés de plus de 15 ans. L’ANSM a également précisé que ces produits ne sont pas recommandés aux femmes enceintes ou qui allaitent.
Pour les experts de la revue, personne ne devrait utiliser ces médicaments, « quel que soit (son) âge et (sa) situation clinique ». D’après eux, en plus des risques de contamination au plomb, « l’efficacité tangible » de ces produits n’a pas été démontrée.